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Jeux Olympiques de Pyeongchang : quel premier bilan diplomatique ?

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Après un week-end de présence à Pyeongchang, la délégation gouvernementale nord-coréenne est rentrée à Pyongyang. Ces premiers jours de Jeux Olympiques ont été marqués par une symbolique forte, mais aussi par une rigidité constante de la part des États-Unis. Quel avenir envisager pour le rapprochement inter-coréen, célébré en grande pompe lors de la cérémonie d’ouverture ?

Moon Jae-in, leader sud-coréen.
Moon Jae-in, leader sud-coréen.

Les Jeux Olympiques de Pyeongchang se sont ouverts sur une série de symboles forts. Les deux pays, comme cela était prévu, ont défilé sous la bannière d’une péninsule réunifiée, habillés de manteaux portant la seule inscription « Korea ». Le rapprochement inter-coréen à travers ces Jeux, déjà au centre de l’actualité depuis le début de l’année, a été mis à l’honneur lors du lancement de l’événement. La dimension politique, inévitable même si la longévité des JO repose sur sa volonté de transcender la politique, est donc clairement mise en avant.

La sœur de Kim Jong-un porteuse d’une invitation

Kim Yo-jong, sœur cadette de Kim Jong-un, était présente à la cérémonie. Elle a serré la main de Moon Jae-in, le leader sud-coréen. La jeune femme n’a pas en soi une place incontournable dans le régime, mais son appartenance à la famille dirigeante en fait une représentante des Kim, rendant ainsi cette poignée de main historique. C’est la première fois depuis 70 ans qu’un membre du clan gouvernant nord-coréen se rend en territoire sud-coréen.

Moon Jae-in et Kim Yo-jong ont ensuite assisté ensemble, samedi 10 février, au match de hockey sur glace dames, où les deux Corées faisaient équipe commune. Une troupe de jeunes pom-pom girls nord-coréennes s’est faite remarquée par ses chants et chorégraphies millimétrées, mais aussi par le fait qu’elles encourageaient à égalité parfaite les joueuses du nord comme du sud, arborant de petits drapeaux de la péninsule réunifiée. Même si le niveau n’était pas à la hauteur des adversaires suisses – une défaite 8 à 0 – là encore tout résidait dans l’image renvoyée au public. Il s’agit pour le régime de Pyongyang de présenter au monde la vision d’un pays normalisé suite aux nombreuses tensions de 2017.

Point d’orgue de ces coulisses diplomatiques olympiques, Kim Yo-jong a transmis à Moon Jae-in une invitation à se rendre en Corée du Nord. Le leader sud-coréen a précisé qu’il faudrait que les « bonnes conditions » soient réunies. En effet cette visite, si elle a lieu, n’aura en revanche rien de symbolique. Il s’agira pour Séoul d’entamer un réel dialogue sur les dossiers importants mais aussi de réamorcer les discussions avec les États-Unis.

Les États-Unis demeurent implacables

Cette dernière perspective n’est cependant pas certaine. Mike Pence, vice-président américain, a refusé de serrer la main de la délégation nord-coréenne lors de la cérémonie d’ouverture – assise juste derrière lui. Il a ensuite, le soir-même, boycotté la réception des chefs d’État. Le numéro 2 de Washington avait d’ailleurs annoncé deux jours auparavant le lancement des Jeux, lors de sa visite à Tôkyô, que les États-Unis allaient durcir leurs sanctions économiques envers Pyongyang. Il a également déclaré qu’il ne laisserait pas la « propagande nord-coréenne prendre en otage les Jeux Olympiques ».

Ces Jeux Olympiques de Pyeongchang ont donc été marqués par une symbolique inter-coréenne très forte. Néanmoins, ils n’ont pas représenté de réelle avancée diplomatique. Les États-Unis ont refusé tout dialogue. Sans aval américain, Pyeongyang ne pourra obtenir la reconnaissance qu’il vise. Le réchauffement inter-coréen ne serait alors que temporaire, ce qui s’est déjà produit à plusieurs reprises par le passé. De plus, l’exercice militaire annuel conjoint entre les États-Unis et la Corée du Sud, qui a lieu fin mars, devrait exacerber de nouveau les tensions. Kim Jong-un utilise fréquemment ce genre d’événement pour procéder à un nouvel essai balistique.

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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