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Rencontre inter-coréenne : que vaut l’ouverture inattendue de Kim Jong-un ?

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Suite au rapprochement opéré à travers les Jeux Olympiques de Pyeongchang en février, les deux Corées se sont rencontrées en ce début du mois de mars, dans la capitale nord-coréenne. Beaucoup de déclarations prometteuses en sont sorties, dont l’organisation d’un sommet inter-coréen fin avril. Face à cette réouverture de dialogue inespérée, au vu des tensions de 2017, que peut-on en attendre réellement de Kim Jong-un ?

Kim Jong-un a rencontré une délégation sud-coréenne.
Kim Jong-un, leader nord-coréen.

Mardi 6 mars, les deux Corées se sont réunies, quatre heures durant, autour d’une table à Pyongyang. Kim Jong-un s’est ainsi entretenu avec une délégation sud-coréenne, dont le conseiller à la sécurité nationale de Moon Jae-in, Chung Eui-jong. Depuis son accession au pouvoir en 2011, l’héritier de la dynastie Kim n’avait jamais rencontré de représentant de la Corée du Sud.

Les Jeux olympiques de Pyeongchang, à leur échelle, avaient créé un terrain diplomatique propice à de plus amples discussions. Face à l’impasse à laquelle les tensions de 2017 avaient abouti, Moon Jae-in s’était montré ouvert au dialogue. Kim Jong-un avait de son côté saisi une opportunité de normaliser son image. La sœur du dirigeant nord-coréen avait même remis une invitation officielle au leader sud-coréen à se rendre à Pyongyang. Tout cela face à une position américaine fermée et plus que sceptique.

Une volonté nord-coréenne trop belle pour être vraie ?

Que peut-on espérer de ces pourparlers ? Beaucoup d’éléments, qui sont à considérer avec précaution. Selon la déclaration de Chung Eui-jong le 6 mars, Kim Jong-un a annoncé être prêt à négocier avec les États-Unis autour de la dénucléarisation du régime. Il serait prêt à suspendre son programme balistique durant ces pourparlers. Une décision surprenante, étant donné que l’objectif de Pyongyang est entre autres d’être reconnu comme puissance nucléaire. Cette dénomination lui permettrait d’assurer l’existence du régime. Néanmoins, Washington s’est montré inflexible sur ce point. Pourtant l’aval américain est indispensable pour que la Corée du Nord acquiert cette reconnaissance. Kim Jong-un aurait même ajouté, toujours selon la déclaration de la délégation sud-coréenne, qu’il serait prêt à définitivement renoncer au nucléaire si le maintien de son régime était assuré. Un réchauffement spectaculaire sur le papier, mais qui doit évidemment être considéré avec prudence. Kim Jong-un avait intérêt à opérer un assouplissement au vu des tensions extrêmes de l’année passée, mais peut encore jouer le chaud et le froid. Face à cela, Donald Trump s’est félicité de ces « possibles progrès dans ces discussions avec la Corée du Nord ». Il a toutefois aussi évoqué d’éventuels « faux espoirs ». Même le président américain, pourtant peu timoré sur le dossier nord-coréen en 2017, se montre prudent.

Un sommet entre les deux Corées fin avril

L’autre grande décision de cet entretien, plus sûre cette fois-ci, est un sommet inter-coréen prévu fin avril. Il se déroulerait au niveau de la frontière. Cette rencontre serait la première entre les deux leaders Kim Jong-un et Moon Jae-in, et la troisième de ce type depuis la guerre de Corée. Si la durée réelle de cette réouverture du dialogue est incertaine, elle permet de constater que la Corée du Nord est loin d’être dénuée de sens stratégique et diplomatique. Kim Jong-un a définitivement conscience des rapports de force internationaux, dans lesquels les États-Unis ont encore une large prépondérance.

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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