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Afrique : le système D en guise de développement ?

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On loue, depuis quelques années maintenant, le développement exponentiel de certaines régions d’Afrique, portées par des vagues d’investissements, venues pour la plupart de pays émergents. Cependant, sur place, force est de constater que, pour l’instant, la population n’en  voit guère les effets.

Il faut avant tout préciser qu’il est très difficile de généraliser un tel constat pour tout un continent et que celui-ci parait s’appliquer pour certaines régions d’Afrique équatoriale. L’Afrique, dans sa multipolarité, dans sa multiplicité, dans ses différences, n’est en aucun cas réductible à une seule et même entité. Les avatars du panafricanisme existent, certes, mais un tel concept demeure encore très largement fictif. Cependant, pour la majorité des Africains, les effets bénéfiques de l’attractivité du continent demeurent encore bien peu palpables.

Oui, on peut répéter à l’envi les chiffres présentés par différentes sources sur la prétendue pauvreté économique des populations africaines : tant de centaines de millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, tant d’autres qui n’ont pas accès à l’eau, etc. C’est oublier que ce recensement se base sur des critères purement occidentaux. Il est en réalité très difficile de mesurer combien touche effectivement un travailleur, étant donnée toute la complexité d’un système économique que nous autres, Occidentaux, avons du mal à appréhender (importance des communautés, du village, multiplication des petits boulots, etc.).

Un modèle économique peut-être désespérant… mais fortement instructif

Nombre d’Africains ont bien compris que ce n’est pas grâce à l’Etat que leur ascension sociale et l’augmentation de leur revenu se matérialiseront. La captation des richesses par une partie des élites, suivant le modèle capitaliste occidental, est amplifiée par l’histoire-même des communautés africaines (importance du chef de village, remplacé désormais par le chef de province ou le membre du gouvernement). Ils ne croient plus guère à l’amélioration de leur condition par le renversement du gouvernant (l’hypothèse d’un « printemps africain » ne se matérialisera jamais). Ne reste plus alors que la débrouillardise, modèle économique adopté « de fait » par la majorité, sur lequel nous ne pouvons nous autoriser, nous, Occidentaux, d’adopter un quelconque jugement de valeur, ou pire, de moquer, sans véritablement chercher à le comprendre.

Cet état d’esprit fait relativiser l’opinion selon laquelle l’Afrique serait victime ou « hors » de la mondialisation. Elle n’est en aucun cas réductible à un seul constat, tant les différences internes apparaissent criantes, entre des élites très occidentalisées (dans leur mode de vie, d’être ainsi que culturellement), et une immense majorité, qu’elle soit urbaine ou rurale, à la merci des premières et dont l’état d’esprit n’apparait guère prompt au changement. Un réel choc des civilisations que l’on prend de plein fouet si l’on ne veut pas voir plus loin que les quelques clichés exposés ici et là. Une réelle leçon d’humanité, pour nous, Occidentaux, pour la plupart englués dans un marasme économique durable.

 

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