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Le « G5 du Sahel » : de nouvelles perspectives pour la sécurité régionale?

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Le 16 février, les présidents du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, du Niger et de la Mauritanie ont créé le « G5 du Sahel », nouveau cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de développement et de sécurité. Actuellement sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien et actuel président en exercice de l’Union africaine, ce G5 vise à répondre aux défis qui affectent de façon similaire ces cinq Etats voisins.

Les déstabilisations récentes comme au Mali, mais aussi latentes (Mauritanie, Burkina Faso) confirment l’importance d’une telle structure. D’autres comme le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss) regroupant 13 pays ou encore la CEDEAO, existent déjà et paraissent avoir les mêmes objectifs. Les chefs d’Etats du G5 ont ainsi fait valoir l’importance de la mutualisation à une échelle plus fine afin de réduire effectivement la pauvreté et affaiblir le terrorisme à long terme. Un secrétariat permanent basé à Nouakchott sera chargé d’élaborer un programme d’investissement et une cartographie des besoins afin de mettre en œuvre des projets structurants (désensablement du fleuve Niger, bitumage de routes régionales, création d’interconnections électriques entre les Etats membres par exemple). L’objectif est ainsi d’améliorer l’inclusion de la population dans le développement. Si cette approche globale semble répondre aux écueils communs des politiques anti-terroristes, aucun calendrier et objectif chiffré n’a été communiqué à la fin du sommet.

Une instance de plus,  pour quels objectifs ? 

La déstabilisation des Etats de la région a atteint son paroxysme avec la récente crise malienne. D’autres pays comme le Niger et la Mauritanie ont de même été touchés par des attaques et enlèvements revendiqués par ces groupes.Devenu un sanctuaire pour de nombreux groupes armés liés à Al-Qaida, notamment sa branche au Maghreb Islamique (AQMI), le Sahel revêt des enjeux régionaux mais aussi internationaux. Afin d’éviter le développement de tels groupes, l’idée est de privilégier les zones à l’abandon propices à leur implantation. Il est par ailleurs étonnant que certains pays voisins également très concernés comme le Sénégal ou la Libye, où les milices se multiplient, ne soient pas inclus dans cette initiative. Aussi, le nom de cette nouvelle structure n’est de même pas sans rappeler d’autres groupes occidentaux comme le G8 ou G20 et pose la question de ses objectifs réels. Certains observateurs y voient une simple volonté des pays occidentaux de créer une instance afin de gérer les huit milliards d’euros promis pour la sécurité et le développement dans l’espace sahélien à court terme. Les présidents du G5 ont néanmoins exhorté leurs partenaires tels que l’OPEP à accompagner leurs actions à plus long terme. Enfin, la question politique semble être mise de côté. Si l’objectif est l’éradication du terrorisme et de la criminalité par le développement économique qui doit mener in fine à la démocratie, la vulnérabilité institutionnelle de certains Etats du G5 tels que le Burkina ou le Tchad pourrait en limiter l’effectivité. Une réunion devrait se tenir au Tchad dans six mois et sera l’occasion de définir plus clairement les modalités d’action de cette nouvelle structure.

 

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