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Diplomatie russe au Moyen-Orient

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Historique défenseur d’une solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien, acteur clé dans les oppositions avec la Syrie et l’Iran, la Russie fait du Moyen-Orient le dernier véritable pivot de son action géopolitique, dans un contexte régional loin d’être apaisé.

Loin de l'infréquentabilité de certains dirigeants moyen-orientaux perçue en Occident, V. Poutine a fait de cette région un pivot de son action internationale
Loin de l’infréquentabilité de certains dirigeants moyen-orientaux perçue en Occident, V. Poutine a fait de cette région un pivot de son action internationale (ici avec H. Rohani, dirigeant iranien)

Certains défendent l’idée que la Russie n’est au Moyen-Orient que pour prendre systématiquement le contre-pied des actions occidentales. Alors oui, concernant les guerres en Afghanistan et en Irak, la Russie est restée en retrait, voyant là les dérives du néoconservatisme américain, et il est difficile de l’accuser d’un tel retrait. Mais, sur des sujets plus récents, force est de reconnaître que la Russie est un acteur clé dans la résolution de conflits. Sur le cas syrien, après avoir implicitement soutenu le régime, la Russie s’est mise seule en position de neutralité face aux injonctions répétées venues d’Occident. Cela lui a permis d’objectivement débloquer des situations très tendues, comme lorsque Al-Assad a dû livrer ses stocks d’armes chimiques. Concernant le nucléaire iranien, la position russe a rarement varié de celle du reste du P5+1, malgré les rapports historiques entre experts nucléaires russes et iraniens, comme lors de la construction de la centrale de Bouchehr grandement due au potentiel russe.

Le Moyen-Orient, un rayon d’action vital pour le projet russe

Objectivement, il s’agit de comprendre que le Moyen-Orient demeure la dernière véritable zone d’influence de la Russie (à part son environnement proche). Inexistante en Amérique, en Afrique et même en Asie, la grandeur voulue par Poutine ne peut se cantonner à quelques actions en Europe de l’Est et à des partenariats solides avec l’Asie Centrale. Voilà pourquoi les enjeux du Moyen-Orient sont primordiaux pour la perduration de l’influence russe, héritée pour partie de l’URSS. Ainsi, il est remarquable de voir que la Russie demeure le seul grand acteur mondial à avoir des relations privilégiées à la fois avec Israël et la Palestine. Et en 2014, les critiques de pays arabes (Egypte, Turquie, etc.) vis-à-vis des sanctions contre la Russie réaffirment l’idée que la Russie demeure un partenaire politique essentiel pour ces puissances régionales.

Ainsi, même si son idéologie géopolitique au Moyen-Orient ne peut être dénuée « d’anti-américanisme » ou au minimum de défense d’une alternative à l’influence occidentale, force est de constater que la Russie continuera à être un acteur de poids sur les sujets sensibles régionaux. Dans la perspective d’intégrer Al-Assad à la solution politique syrienne, seule la Russie semble encore donner un minimum de crédit au dirigeant syrien et persuader les autres puissances de lui faire une place sera une tâche extrêmement ardue pour V. Poutine. Dans la lutte contre les dérives djihadistes, une éventuelle coopération internationale contre l’Etat islamique intéressera la Russie, toujours inquiète des dérives islamistes à ses frontières (comme en Tchétchénie). Enfin, sur le dossier iranien, la Russie croit toujours à un nucléaire développé uniquement pour un usage civil, sous peine de mettre gravement en danger la situation diplomatique moyen-orientale. Néanmoins, le récent rapprochement avec les Etats-Unis pourrait faire penser que l’Iran ne soit plus autant anti-américain que nous l’aurions pensé…

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