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Que veulent les druzes en Syrie ?

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Alors que l’on assistait depuis plusieurs mois à un duel direct entre les forces pro Al-Assad et l’Etat islamique en Syrie, la communauté druze semble lâcher le rais syrien, pour ce qui pourrait être un énième tournant dans ce conflit latent.

Les druzes syriens seront-ils soutenus voire sauvés par leurs confrères libanais voire israéliens ?
Les druzes syriens seront-ils soutenus voire sauvés par leurs confrères libanais voire israéliens ?

L’une des forces d’Al-Assad a été, depuis le déclenchement de la guerre en 2011, d’habilement exploiter le riche terreau religieux du pays à son profit. Ainsi, les Alaouites, mais aussi les Chrétiens et les Druzes ont été depuis le début de fervents soutiens du régime, intégrant souvent l’armée luttant contre l’opposition « modérée » puis contre les djihadistes. Néanmoins, le contexte semble changer aujourd’hui. Les Druzes pensent de moins en moins qu’Al-Assad peut être leur protecteur ; de l’autre côté, les défections en masse dans l’armée du régime forcent ce dernier à des recrutements de force. Ces recrutements ont été refusés par les Druzes, obligeant Al-Assad à un compromis. Il a ainsi permis aux Druzes le souhaitant de combattre uniquement avec l’armée du régime dans les régions où est implantée la minorité, au sud du pays (région de Soueïda).

Néanmoins, le désaccord semble profond entre Al-Assad et la communauté de 700 000 Druzes. Les défections sont légions, si bien qu’aujourd’hui l’armée apparait à bout face aux avancées des rebelles. Même l’appui financier de l’Iran, conséquent, ne parvient pas à véritablement aider le régime. Certes, Damas, place forte du pays, est encore loin des avancées rebelles, mais la désaffection de ses alliés est la principale menace pour le régime actuel, car c’est ce qui lui a justement permis de se maintenir toutes ces années.

A quoi jouent réellement les Druzes ?

Cette posture druze apparait dangereuse. Les rebelles n’auront en effet aucun mal à user de la violence contre cette minorité, comme ils le firent l’an dernier lors de la prise de Kobane contre les Kurdes. Nous ne sommes pas en présence d’un conflit classique : lâcher Al-Assad au milieu du gué ne signifie pas que la partie adverse vous acceptera dans vos rangs, bien au contraire…

Un dilemme apparait donc évident : toujours soutenir Al-Assad, moyennant un véritable soutien du régime (armement), ou définitivement s’en éloigner, pour ne pas être victime d’une véritable épuration post-Al-Assad dans une nouvelle Syrie sunnite. Quant au rais syrien, il ne pourra donc pas compter sur les Druzes ailleurs que dans leur région, ce qui ne sera ainsi d’aucun apport face à l’avancée des rebelles depuis le nord et l’est du pays. Mais il ne peut pas financièrement se permettre de faire des Druzes une priorité, alors même que sa propre communauté alaouite est très loin d’être protégée. Le salut pourrait bien passer par le soutien de la communauté druze libanaise, importante, et semble-t-il prête à accueillir leurs confrères syriens. Cela contribuant encore plus aux flots massifs de réfugiés quittant la Syrie chaque jour vers le Liban voisin.

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