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Israël a-t-il trouvé son meilleur ennemi ?

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« Si je devais choisir entre l’Iran et Daech, je choisirais Daech » : cette déclaration de Moshe Yaalon, le ministre israélien de la Défense, est un véritable coup pied donné à la fourmilière de la communauté internationale qui s’efforce à se rapprocher de l’Iran, tout en ayant désigné l’ennemi commun qu’est le prétendu État Islamique (EI). L’État hébreu considère que l’Iran est plus menaçant et plus difficile à combattre que Daech ou cherche-t-il à renforcer sa position en maintenant un chaos dans la région ?

Le choix du moins pire ?

Iran-Israel
Le conflit diplomatique entre l’Iran et Israël constitue l’un des grands antagonisme au Moyen-Orient

Il est vrai que le régime des Ayatollahs est marqué par son hostilité envers Israël puisque son ancien président M. Ahmadinejad a évoqué le fait que « le régime occupant Jérusalem devait disparaître de la page du temps« . Le nouveau président H. Rohani n’est pas moins menaçant puisque pour lui le gouvernement de Jérusalem « n’est pas légitime« . L’Iran se cantonne donc sur une non-reconnaissance de Tel-Aviv du point du vue du droit international. Néanmoins, Daech a, de nombreuses fois, exprimé sa volonté de perpétrer des attaques sur le sol Israélien, ce qui constitue une menace directe et imminente envers l’État hébreu. La déclaration du ministre de la Défense peut paraître non seulement inappropriée au vu de la différence d’intensité des menaces exprimés par les protagonistes, mais aussi à contre-courant d’un rapprochement iranien entériné par la communauté internationale qui cherche à éradiquer Daech. Si Israël cherche légitimement à se défendre, pourquoi Moshe Yaalon cherche-t-il à minimiser les menaces émises par l’EI par rapport à une position diplomatique, certes rude, de l’Iran ?

Le maintien du chaos au Moyen-Orient : un intérêt israélien ?

L’État hébreu ne tient pas de position officielle sur le conflit syrien. Néanmoins Tsahal a procédé, à plusieurs reprises, à des frappes aériennes autour de Damas et dans la province de Lattaquié, bastion des forces gouvernementales, pour détruire des convois armés du Hezbollah. Ceux-ci étant soupçonnés par Tel-Aviv de menacer directement l’intégrité du territoire israélien. Le traumatisme de 2006 est resté dans les esprits et Israël voit le parti chiite libanais, soutenant l’armée de Bachar el-Assad, comme une plus grande menace que les factions rebelles syriennes qui combattent Damas. Effectivement, ceux-ci contrôlent actuellement un large territoire au sud de Damas jusqu’au plateau du Golan (portion syrienne annexée par Israël à la suite des guerres des Six Jours et de Kippour). De nombreux contacts sont établis entre les factions rebelles et l’armée israélienne selon un rapport de l’ONU publié le 1er décembre dernier. Il affirme que les Casques Bleus, chargés de surveiller la zone tampon du Golan, ont observé à maintes reprises des militaires israéliens « interagir » avec ces factions. De plus, en l’espace de quatre ans, quelque 1 450 blessés syriens ont été recueillis par Tsahal afin d’être soignés dans les hôpitaux hébreux. Israël voit donc dans Daech une menace éloignée sur le terrain mais aussi une source d’affaiblissement du croissant chiite constituant une hégémonie iranienne qui serait selon le ministre « une catastrophe et un énorme défi pour Israël« . Alors que la communauté internationale reconsidère sa position sur le sort de Bachar el-Assad, Israël voit d’un bon œil le maintien d’un chaos à coloration islamiste qui déteint actuellement sur la cause palestinienne puisqu’elle commence à être infiltrée par l’EI rendant son indépendance moins préoccupante et plus dangereuse auprès des occidentaux. Un tel positionnement du gouvernement israélien est susceptible de ralentir et complexifier les intentions de cessez-le-feu entre les belligérants, alors que l’Iran est devenu un acteur incontournable dans la résolution du conflit syrien.

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