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L’au revoir surprise du Président angolais Dos Santos

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Alors que l’Afrique est souvent -et à juste titre- critiquée pour être le continent des derniers autocrates, le Président angolais José Dos Santos a annoncé qu’il se retirerait de la vie politique en 2018, soit quatre décennies après sa prise de fonctions. Après l’effet de surprise viendra le temps des questions.

Après 30 ans de pouvoir, Dos Santos devrait passer la main... à moins d'un retournement de situation
Après 30 ans de pouvoir, Dos Santos devrait passer la main… à moins d’un retournement de situation

L’Angola devient indépendant en 1975 et est rapidement gouverné par le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), élément clé de l’obtention de l’indépendance et ouvertement communiste. En 1979, Dos Santos devient Président, mais ne parvient pas à calmer les ardeurs de l’opposition, et notamment de l’UNITA, parti pro-indépendance mais non communiste, battu aux Présidentielles. S’en sont suivies près de trois décennies de guerre civile, durant et après la Guerre Froide, au cours desquelles Dos Santos se maintient au pouvoir. Depuis lors, malgré un tournant autoritaire, il demeure apprécié de ses concitoyens, notamment grâce à ses résultats économiques, l’Angola étant la troisième puissance africaine depuis plusieurs années.

Cependant, et alors que la nouvelle Constitution angolaise datant de 2010 lui permettait de se représenter, Dos Santos devrait quitter le pouvoir. Est-ce son âge (près de 75 ans, mais moins que d’autres « cumulards » du continent), la fatigue du pouvoir, ou la volonté de laisser sa place, tout simplement ? Difficile à dire, mais cet abandon du pouvoir, s’il se confirme, marque une unicité en Afrique Centrale. Alors que les deux Congo voisins voient leurs dirigeants s’accrocher à leur siège, et alors que l’Angola n’a guère à s’inquiéter d’un renversement de pouvoir du type burkinabé, Dos Santos quittera le pouvoir en laissant son pays dans une relative bonne santé économique et politique.

L’Angola, pays d’Afrique Centrale ou Australe ?

La prochaine élection générale est prévue pour 2017, soit un an avant le prétendu départ du Président. Est-ce à dire que Dos Santos briguera la Présidence pour un an, avant de laisser sa place en cours de mandat ? Il faut savoir que le système politique angolais est particulier, puisque les élections présidentielles n’existent pas, remplacées par des élections générales où le chef de la liste devient automatiquement Président. Le numéro 2 de cette liste sera donc le prochain Président à compter de 2018, et il n’est pas exclu que Dos Santos place un membre de sa famille à ce poste.

Certains peuvent croire que l’annonce de Dos Santos serait un moyen pour prouver qu’il est indispensable à son pays. L’Angola est marqué par un culte de la personnalité certain, si bien qu’il ne faut pas exclure l’hypothèse que Dos Santos revienne sur sa décision en cas de soutien massif du peuple. Ce fut l’artisan de l’entrée du pays dans une ère de paix, et avec les cours déprimés du pétrole, dont la production assure plus de 60% du PIB, il faudra un leader charismatique pour éviter de retomber dans des années de plomb. De nombreuses réformes n’ont pas été faites et ont été reportées en raison de la baisse des cours pétroliers.

Seuls les prochains mois diront si l’Angola a réellement rejoint les autres pays d’Afrique australe où une simili-démocratie prévaut (ou, tout du moins, d’un choix « libre » de ses dirigeants), ou si elle appartient toujours à cette caste de pays d’Afrique Centrale où maintien à vie au pouvoir, changements de constitution et successions dynastiques prévalent.

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