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Une solution en Libye ?

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Depuis le 30 mars, le premier ministre du gouvernement d’union libre libyen, Fayez al-Sarraj est à Tripoli, la capitale du pays, pour tenter d’imposer son pouvoir sur ce pays divisé. Même s’il est soutenu par l’ONU et est arrivé dans la capitale libyenne, le leadership politique de Fayez al-Saraj reste encore très fragile.

Fayez al-Sarraj, le premier ministre soutenu par l'ONU.
Fayez al-Sarraj, le premier ministre soutenu par l’ONU.

La situation politique en Libye, dans l’impasse depuis la chute de Mouammar Kadhafi, semble s’être en partie débloquée en décembre dernier au Maroc lorsqu’un accord a été signé sous l’égide de l’ONU. Ce dernier prévoit de confier le pouvoir exécutif à un gouvernement d’union national avec à sa tête un premier ministre secondé par un conseil national. Il est également précisé que le Parlement détenant le pouvoir législatif et reconnu par la communauté internationale est celui de Tobrouk qui a été élu par suffrage universel en juin 2014 avec un mandat de 2 ans. Le Conseil d’Etat, considérée comme « la plus haute instance consultative de l’Etat », est composé des 145 élus du Congrès national général basé à Tripoli. Ce parlement n’est en revanche pas reconnu par la communauté internationale. L’accord signé en décembre 2015 prévoit que l’avis de ce Conseil d’Etat est « contraignant pour le gouvernement d’union national » concernant les projets de loi avant de les soumettre au Parlement. Ainsi, on distingue en Libye 3 pouvoirs distincts : le gouvernement d’union national soutenu par la communauté internationale ; le « gouvernement du salut national » basé à Tripoli géré par une coalition de milices appelé « Fajr Libya » (aube de la Libye) et ayant une influence sur la capitale et les régions de l’ouest mais n’étant pas reconnu par la communauté internationale ; le « gouvernement provisoire » issue des élections de juin 2014 mais constitué seulement en septembre 2014 et possédant une influence sur l’est du pays grâce à des forces loyales présidées par le général Khalifa Haftar. Ce gouvernement est installé dans la ville de el-Beida dans l’est du pays. En plus de ces 3 gouvernements, il faut ajouter la présence du groupe Etat islamique autour de la région de Syrte  avec selon les derniers chiffres du renseignement américain entre 4000 et 6000 combattants ainsi que dans le sud du pays des territoires contrôlés par les touaregs, les toubous et la présence à la frontière avec l’Algérie et la Niger de divers groupuscules islamistes.

L’arrivée à Tripoli du gouvernement de Fayez al-Sarraj : un premier pas pour la prise du pouvoir ?

Depuis une dizaine de jours, Fayez al-Sarraj est arrivé à Tripoli par voie maritime afin d’imposer son pouvoir sur la capitale. Cependant, il dirige un gouvernement d’union proclamé le 12 mars dernier qui n’a pas reçu l’investiture du parlement élu siégeant à Tobrouk qui seul peut permettre d’habiliter, et donc de légaliser, un nouveau gouvernement. Ce vote a en effet échoué plusieurs fois par obstruction de vote ou quorum non atteint. Un nouveau vote est toutefois prévu le 12 avril prochain. Pourtant, malgré l’absence de ce vote, l’arrivée de Fayez al-Sarraj à Tripoli s’est dans un premier temps bien déroulée : aucune lutte armée n’a eu lieu entre les différentes milices, il a reçu le soutien de la banque centrale et de la compagnie nationale de pétrole ainsi que du « gouvernement du salut national » dirigé par la coalition « Aube de la Libye » qui a annoncé renoncer à son pouvoir le 5 avril.  Toutefois, le lendemain, Khalifa Ghweil le premier ministre du « gouvernement du salut », a déclaré ne pas avoir démissionné la veille.

La situation reste donc encore très floue à Tripoli. Fayez al-Sarraj et son gouvernement n’occupe pas encore les différents ministères et reste en mer à bord de son navire. A ce titre, le vote dans deux jours de l’Assemblée de Tobrouk investissant le gouvernement soutenu par l’ONU apparaît donc comme très important pour la légitimité de Fayez al-Sarraj. Une fois les luttes internes pour le pouvoir réglées, les autorités libyennes pourront ainsi davantage s’impliquer dans la lutte contre l’essor du groupe Etat islamique dans le pays et des différentes milices.

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