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Quel avenir hydrique pour l’Égypte ?

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L’économie égyptienne est toujours perçue comme fragile, et dépendante des financements étrangers – notamment de l’accord passé avec le FMI l’an dernier. Les déficiences structurelles sont profondes, et des réformes sont nécessaires. Parmi les dossiers brûlants présents sur le bureau du président Abdel Fattah al-Sissi, il y a notamment celui de la gestion de l’eau. Il s’agit d’un véritable problème pour le pays qui pourrait  bloquer la mise en route de nombreux projets.   

Vue aérienne de la bande cultivable le long du Nil à Louxor.

L’Égypte est face à un défi démographique majeur. Le pays compte près de 95 millions d’habitants (juillet 2016 – CIA World Factbook). Sa population ne cesse d’augmenter du fait d’un fort taux de fécondité (2,51% – 2016). Selon un rapport des Nations Unies, si celui-ci ne baisse pas, il y aura 150 millions d’habitants d’ici 2050. A cause de cette perspective,  le gouvernement veut augmenter les capacités de production agricole du pays. Actuellement, l’Égypte est dépendante des importations en ce qui concerne les produits de première nécessité. Cependant, ce projet est bloqué par la pénurie d’eau (1).

A lui seul, le secteur agricole utilise 82% des ressources hydriques du pays.  Par conséquent, étendre les zones arables en améliorant le système d’irrigation ne ferait qu’aggraver le problème d’approvisionnement en eau. L’idée est pourtant alléchante car de nombreuses terres sont disponibles : l’Égypte habitable et cultivable ne représente que 6% de l’ensemble du territoire (soit seulement 60 087km2 sur plus de 1 million). Une autre possibilité serait de construire des stations de dessalement pour avoir plus d’eau. Cependant, cette technologie est encore très coûteuse.

De nos jours, les ressources hydriques de l’Égypte sont issues à 95% du Nil, fleuve long de 6700km, traversant le pays du Sud au Nord. Il s’agit du plus long fleuve du monde – avec l’Amazone. La question de la répartition équitable des eaux du Nil fait de plus en plus débat, et ravive les tensions régionales. Un accord sur les eaux du Nil signé en 1959 entre l’Égypte et le Soudan a donné à l’Égypte 55,5 milliards de m3, et 18,5 au Soudan (soit près de 90% du débit du fleuve).

Or, plusieurs autres États sont traversés par le Nil, et souhaitent bénéficier de cette ressource. C’est pour cette raison que l’Éthiopie a lancé la construction du barrage « Grande renaissance ». Après s’être fermement opposé au projet, Le Caire l’a finalement approuvé en 2015, mais les autorités restent vigilantes. Si une réduction du débit du Nil a lieu, cela pourrait avoir de graves conséquences sur son agriculture, mais aussi pour sa production d’électricité.

Il est fort probable que d’autres États souhaitent renégocier la distribution des eaux, car tous veulent des terres fertiles – celles-ci attirent les investisseurs étrangers, notamment Chinois et Indiens. Les pays feront sans doute peser dans la balance le droit humain fondamental de l’accès à l’eau, reconnu par l’Assemblée générale des Nations Unies le 28 juillet 2010. Mais aussi l’accord-cadre de coopération du Bassin du Nil (2010), ratifié par six États en amont (Éthiopie, Ouganda, Rwanda, Tanzanie, Kenya, Burundi) qui isole l’Égypte et le Soudan, et remet en question leurs « droits historiques ».

La situation hydrique de l’Égypte est donc précaire. En 2014, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il y avait 699 m3 d’eau disponible par habitant par an. Les différents facteurs évoqués précédemment risquent d’aggraver la situation. Le gouvernement essaye de développer des partenariats public-privé pour améliorer les systèmes d’irrigation et développer des mesures d’assainissement, mais le manque de moyens publics se fait sentir.

(1) Pour rappel, on parle de :

  • Vulnérabilité, quand il y a moins de 2500m3 d’eau par habitant par an ;
  • Stress hydrique, quand il y a moins de 1700m3 d’eau par habitant par an ;
  • Pénurie, quand il y a moins de 1000m3 par habitant par an.

 

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