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Contestation grandissante au Yémen

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La Tunisie n’a pas fini d’inspirer de nombreux autres pays. Après l’Egypte, où les manifestations se multiplient, c’est désormais le peuple yéménite qui a engagé un processus similaire de contestation à l’égard du gouvernement en place. Depuis 32 ans, le pouvoir est aux mains du président Ali Abdallah Saleh. C’est presque dix ans de plus que le « règne » de Ben Ali en Tunisie, d’où les demandes répétées de dizaines de milliers de Yéménites qui réclament le départ du président Saleh à travers de nombreuses manifestations, notamment dans la capitale, Sanaa, où ils étaient 16000 à descendre dans les rues jeudi.

Il faut dire que les problèmes auxquels sont confrontés les Yéménites au quotidien sont nombreux. La pauvreté y est extrême, puisque plus de 40% de la population vit avec moins de deux dollars par jour, le chômage également, et le pays reste peu développé. Le président yéménite, âgé de 68 ans, est d’une part accusé de vouloir s’arroger le rôle de président à vie et d’autre part de mettre en marche un processus de transmission du pouvoir à son fils, Ahmad. Si le président Saleh a réfuté ces accusations, une augmentation des salaires a tout de même été décidée afin d’apaiser la population, en vain.

Pourtant, la situation n’est pas totalement semblable à celles de la Tunisie et de l’Egypte. Tout d’abord, contrairement à la Tunisie, le Yémen a une vie politique où l’opposition peut s’exprimer. Mais le président reste encore le maître de l’armée et la population est bien moins cultivée qu’en Tunisie. « Le Yémen ne ressemble pas à la Tunisie », a d’ailleurs indiqué le ministre de l’Intérieur. De plus, alors que les morts se comptent par dizaines en Egypte, les manifestations yéménites restent (pour le moment ?) pacifiques. D’ailleurs, certaines manifestations ont pris un autre tournant. Dans le Sud du pays, certains séparatistes réclamaient la fin de « l’occupation » de leur territoire par le pouvoir yéménite. Un mouvement sécessionniste important existe en effet dans cette partie du pays. Sans oublier la présence d’Al-Qaïda qui ne peut que contribuer à la fragilité du pays.

Quelle tournure les événements vont-ils prendre dans les prochains jours ? Le pays retrouvera-t-il le chemin de la démocratie ou bien éclatera-t-il sous la poussée des séparatistes ? A moins que le pouvoir actuel sache conserver sa place malgré la pression populaire ? Au Yémen aussi, tout ne fait que commencer…

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