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La Turquie, modèle du nouveau monde arabe

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C’est un fait, les pays arabes libérés du joug de leurs autocrates ont donc choisi comme nouveau gouvernants des représentants de partis islamistes modérés. Après le modèle américain, le modèle soviétique, voire le modèle chinois, il est fort probable qu’un nouveau modèle émerge, imité par ces pays-là : le modèle turc.

Une croissance jalousée par ses voisins européens, un profond respect des valeurs de l’islam, un développement économique somme toute réussi : voilà les principaux tenants de la démocratie turque, telle que pensée par le parti gouvernant depuis quelques années, l’AKP. Mais ces différents objectifs sont tout à fait atteignables par d’autres pays, qui ne sont autres que ceux qui viennent de basculer dans une phase post-autocratique. Il n’en faut pas plus pour affirmer que l’AKP va probablement devenir un mentor de l’Ennahda tunisienne ou des Frères musulmans égyptiens.

L’AKP s’était, lui aussi, construit à partir des restes de partis islamistes déchus ou interdits. Il a réussi  depuis à se rapprocher de partis de centre-droit, mais également des nationalistes, dans une troisième voie niant tout despotisme ou islamisme radical. L’AKP a su restaurer le respect pour la religion, il est géré par des musulmans pratiquants sans pour autant encore évoluer vers une théocratie. En un mot, il réintègre les islamistes au cœur de la société.

La Syrie, le danger majeur pour la Turquie

En Syrie, depuis les soulèvements, la minorité alaouite de Bachar El-Assad stigmatise ses opposants en les traitant de Sunnites fondamentalistes. Or l’AKP, majoritairement sunnite, entretient des liens profonds avec l’opposition sunnite syrienne. Néanmoins, il avait au début choisi d’adopter une ligne très peu sectaire. En effet, la Turquie ne voulait pas être dépeignée comme étant seulement le modèle du sunnisme moderne, car cela est beaucoup trop restrictif à son goût. Néanmoins, aujourd’hui, la Turquie n’a d’autre choix que de suivre l’avis des autres puissances de l’OTAN, réclamant le départ d’El-Assad.

Désormais, la ligne turque est claire : le soutien à apporter à l’opposition syrienne est total, car l’AKP ne peut se permettre d’apporter un blanc-seing à la politique d’El-Assad.  La Turquie veut désormais passer pour la nation protectrice des droits les plus fondamentaux des opprimés, ce qui représente très clairement une nouveauté pour la diplomatie turque.  Mais un problème surgit : à trop vouloir s’aligner avec les lignes politiques occidentales, le modèle turc ne perd-il pas en authenticité et en originalité ?

Certes, mais la Turquie a peur de voir le conflit syrien dégénérer en affrontement entre factions religieuses, se poursuivant très probablement hors du territoire syrien. Et voilà déjà la question kurde qui revient au galop…

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