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L’Iran menace de bloquer le détroit d’Ormuz : menace réelle ou gesticulations d’un régime aux abois ?

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C’est par la voix de son vice président Mohamed Reza Rahimi que la République islamique d’Iran a annoncé qu’en cas de sanctions économique à son encontre, elle bloquerait le très stratégique détroit d’Ormuz. 

Depuis quelques mois, l’Iran est de fait un pays sous pression. Lourdement suspectée d’enrichir de l’uranium afin de se doter de l’arme nucléaire, elle est la cible d’attaques diplomatiques incessantes : l’Union Européenne doit décider en janvier si elle boycotte ou non le pétrole iranien, alors que le Japon et la Corée du Sud, sous influence américaine, semblent de plus en plus pencher vers cette solution. Sans parler des menaces, surement un peu vaines, d’attaque israélienne et de l’angoissante présence de la cinquième flotte américaine à Bahreïn.

La menace iranienne est a priori de taille : un tiers du commerce mondial du pétrole transite chaque année par le détroit d’Ormuz. Le  bloquer aurait des conséquences dramatiques pour une économie mondiale déjà tourmentée. Or, comme le dit si bien Habibolah Sayyari, le commandant de la flotte iranienne, bloquer ce détroit serait « aussi facile  que de boire un verre d’eau » : il suffirait à l’Iran de couler deux super tankers pour rendre le passage impraticable.

Pourtant, la menace iranienne n’est, à raison, pas véritablement prise au sérieux. Si le détroit d’Ormuz est d’une importance majeure pour le commerce mondial, il est absolument vital pour le régime iranien.

Téhéran ne peut pas se permettre de barrer le détroit. Le pétrole est la seule source de revenus du régime, et la quasi-totalité des exportations de l’Iran (le cinquième producteur mondial de brut) passent par Ormuz. Sous couvert d’anonymat, un responsable du ministère du pétrole dit même qu’un tel acte, qualifié de « suicide économique », reviendrait « à se tirer un boulet de canon dans le pied ».

On peut analyser ce type d’annonce comme un aveu de faiblesse de la part de l’Iran. Economiquement, le pays repose uniquement sur le pétrole et le gaz et son appareil de production est vieillissant, voire obsolète. En interne, le régime des ayatollahs est très contesté par des manifestants qui n’attendent qu’un signe de faiblesse des autorités pour retourner dans la rue. A l’international, les manœuvres diplomatiques américaines et européennes pour durcir les sanctions économiques contre Téhéran commencent à porter leurs fruits. Dans l’impasse, les autorités iraniennes ne semblent avoir trouvé comme solution qu’une stratégie de « chantage par la terreur » un peu futile…

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