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Ahmadinejad, le clap de fin ?

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Alors que l’élection présidentielle en Iran se tiendra le 14 juin, première élection présidentielle dans le pays après la Révolution verte avortée en 2009 qui avait secoué le pays pendant de nombreuses semaines, une chose est certaine : Mahmoud Ahmadinejad ne pourra plus se représenter. Et l’Iran semble être déjà passé à autre chose, comme en atteste le dernier meeting en date du Président, un véritable fiasco, qui consacre le désamour croissant dont Mr Ahmadinejad est victime.

La fin de Mahmoud Ahmadinejad, gesticulateur honni par l’administration Bush, semble proche. Son deuxième mandat a effectivement été l’histoire d’un long déclin, notamment d’un point de vue interne. Depuis sa réélection contestée par les opposants de la Révolution Verte, le candidat réformateur malheureux Mir Hossein Moussavi en tête, son aura n’a cessé de décliner. Ce désamour fulgurant a culminé le mois dernier, alors qu’il assistait aux obsèques d’Hugo Chavez. En embrassant la mère du défunt, il a provoqué l’ire des ayatollahs, ceux qui détiennent le véritable pouvoir en Iran, au motif que ce geste était totalement inapproprié et indigne du chef de l’état iranien.

Depuis de nombreux mois, Ahmadinejad n’est plus en odeur de sainteté auprès des instances religieuse et ses différends avec le guide suprême de la Révolution, Ali Khamenei, s’en retrouvent exacerbés. A tel point que personne à Téhéran ne veut de l’héritier d’Ahmadinejad pour lui succéder. Celui-ci, Esfandiar Rahim-Mashaie, qui fait également partie de la famille du Président depuis le mariage de sa fille avec le fils aîné d’Ahmadinejad, a fait toute sa carrière politique côte-à-côte avec Mr Ahmadinejad. Il représente donc une certaine continuité avec l’œuvre d’Ahmadinejad qui ne trouve plus grâce auprès des Ayatollahs.

Ce désamour s’est vu de manière criante tout récemment. Lors d’un meeting pour célébrer les acteurs impliqués dans le tourisme en Iran ayant lieu dans le stade de football Azadi à Téhéran, Mr Ahmadinejad a lui-même été le témoin malheureux et énervé de ce qui l’attend une fois qu’il aura passé la main. A la place des 100.000 personnes attendues, sont apparus moins de 60.000 individus et pas nécessairement enchantés par l’apparition d’Ahmadinejad. De quoi montrer au Président qu’il risque de repasser très rapidement dans l’anonymat après ses 8 années passées au pouvoir à provoquer les Etats-Unis et Israël au moyen de discours restés célèbres dans la communauté internationale.

La question de l’après Ahmadinejad est épineuse et un tantinet préoccupante.

Si Mr Mashaie veut pouvoir ne serait-ce que se présenter aux prochaines élections, il faut qu’il se distancie inéluctablement de son encombrant camarade. Et si Mr Ahmadinejad veut garder une certaine empreinte sur la politique iranienne, il a également tout intérêt à se mettre en retrait pour laisser le champ libre à son poulain. Mais les gardiens de la Révolution, les ayatollahs semblent vouloir mettre fin pour de bon à l’ère de Mr Ahmadinejad.

Alors qu’on s’était habitué aux diatribes sans lendemain de Mr Ahmadinejad, le monde pourrait hériter d’un conservateur beaucoup plus en phase avec la ligne dure prônée par les ayatollahs en place comme Ali Larijani (président du Parlement) ou Said Jalili (secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale) qui pourraient freiner toute tentative de réforme du système politique sclérosé iranien. Quant à Mr Ahmadinejad, il lui faudra s’habituer à nouveau à vivre comme un inconnu.

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