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Frappes israéliennes en Syrie, quels enjeux ?

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L’aviation israélienne a frappé dans la nuit du 1 au 2 décembre une position militaire en Syrie, dans la région d’al-Kiswah, au sud de Damas. Faisant suite aux allégations de la BBC du 10 novembre dernier, concernant l’implantation possible d’une base iranienne dans la région, l’attaque semble marquer un durcissement de la position de l’Etat hébreu face à la menace iranienne.  

Selon plusieurs observateurs, dont l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et l’Agence Arabe Syrienne Informations (SANA), plusieurs tirs de missile ont ainsi pris pour cible la base syrienne de la région d’al-Kiswah dans la nuit de vendredi à samedi. Si au moins deux d’entre eux ont été interceptés par les forces loyalistes, plusieurs ont atteint l’objectif en occasionnant des dégâts matériels. Israël était déjà intervenu directement en Syrie à plusieurs reprises ; le 22 septembre, en visant alors un dépôt d’armes du Hezbollah, puis début novembre, en réponse à la chute de plusieurs obus syriens sur le plateau occupé du Golan. Cette fois, la nature de l’intervention semble différente. Alors que la BBC avait révélé, photos à l’appui, la construction de nouvelles infrastructures au sein de la base, possiblement à destination de forces iraniennes, l’Etat hébreu semble tracer clairement une ligne rouge sur le sol syrien.

Raidissement des positions israéliennes, un prélude à l’escalade ?

Inquiet de l’avancée de la présence militaire iranienne en Syrie et de la montée en puissance des milices chiites à la frontière nord, le Premier ministre Netanyahu a averti les Iraniens lors de son allocution aux Nations Unies en septembre : « Nous allons agir pour empêcher l’Iran d’établir des bases militaires permanentes en Syrie ». Le 16 novembre, le chef d’état-major des forces armées israéliennes a précisé la posture israélienne dans un entretien avec le média saoudien Elaph, soulignant que l’Etat hébreu « n’accepter[ait] pas une consolidation iranienne en Syrie », en particulier la construction d’usines ou de bases militaires. Par ailleurs, dans le cadre des négociations portant sur les « zones de désescalade », Tel Aviv a plusieurs fois cherché à mettre en place une zone tampon de 60 à 80 kilomètres à proximité des hauteurs du Golan. Cette demande, visant à éloigner les activités iraniennes de ses frontières, a suscité une fin de non-recevoir de la part de Moscou. Si l’Iran a fermement réagi aux menaces israéliennes en octobre 2017, par la voix du chef d’état-major des Forces armées, Mohammad Bagheri, lors de sa visite à Damas, aucun commentaire n’a pour lors été fait par la République islamique concernant les nouvelles frappes.

Deux hypothèses peuvent être faites quant à la possible suite des événements. Israël peut continuer à limiter les tensions en conduisant seulement des actions ciblées tout en minimisant, dans le discours officiel, la présence iranienne en Syrie, dans la lignée des déclarations du ministre de la Défense, Avigdor Lieberman. Récemment, ce dernier a en effet insisté sur l’absence de forces militaires iraniennes à proprement parler sur le terrain. Une seconde analyse conditionne toute action israélienne d’ampleur à une éventuelle réaction de Moscou, pour le moment inexistante.

L’irresponsabilité américaine ?

Le rôle des Etats-Unis ne sera, dans tous les cas, pas anodin. Alors que Donald Trump vient tout juste de reconnaitre Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, donnant ainsi l’image d’un soutien sans faille à Tel Aviv, les incertitudes demeurent. Malgré une politique déclaratoire agressive vis-à-vis de l’Iran, une volonté de décertifier l’accord sur le nucléaire et un rapprochement tangible entre Riyad, Tel Aviv et Washington, jusqu’où le président sera-t-il prêt à aller ? Le risque est de plonger définitivement l’ensemble de la région dans l’embrasement.

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