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Petite révolution dans le paysage géopolitique au Proche-Orient : Israël accepte le retrait de ses troupes stationnées à Ghajar au Liban

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Le gouvernement israélien a annoncé le retrait de ses soldats de la moitié nord du village libanais de Ghajar (situé à la frontière), acceptant ainsi une proposition des Nations Unies lancée en 2006 à la suite de la guerre menée par Israël contre le Hezbollah. Avant d’analyser les conséquences géopolitiques d’une telle décision, concentrons-nous sur les enjeux historiques de cette zone frontalière dans les  conflits au Proche-Orient. Il faut d’abord noter que les habitants de Ghajar occupent une place à part dans le conflit israélo-arabe : membres de la minorité syrienne alaouite, ils se considèrent comme originellement syriens. Mais en 1967, lorsqu’Israël envahit le plateau du Golan, le village passe dans le giron israélien. En 1978, Israël envahit la partie Sud du Liban et établit une zone tampon le long de la frontière ; les habitants de Ghajar acceptent alors la pleine nationalité israélienne. Quand en 2000, Israël retire ses troupes, une résolution de l’ONU partage le village en deux parties : soldats israéliens d’un côté et bunkers du Hezbollah de l’autre. Cette frontière devient alors une zone d’intense trafic (de drogue notamment) et une base d’opération pour les militants du Hezbollah contre les soldats israéliens. En 2006, Israël reprend la guerre contre le Hezbollah et occupe à nouveau le village.

Cette décision a des conséquences non-négligeables dans le jeu géopolitique du Proche-Orient et implique toute la communauté internationale. Les Etats-Unis en effet, ont depuis longtemps poussé Israël à se retirer de la région, et les officiels américains affirment que ce retrait est une preuve de la capacité du gouvernement libanais à libérer son territoire par des négociations pacifiques et non par la résistance armée, espérant ainsi décrédibiliser le Hezbollah. Quoi qu’il en soit, le retrait israélien a lieu alors que le fragile statu quo du Liban menace de basculer : l’ONU est en effet sur le point d’annoncer l’acte d’accusation de membres du Hezbollah impliqués dans l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafiq Hariri, ce qui risque de provoquer une nouvelle guerre avec Israël. Or le retrait des troupes israéliennes de Ghajar renforce la position diplomatique, donc stratégique d’Israël en cas de futur conflit : si le Hezbollah attaque le premier, ce sera contre les lois internationales et Israël aura le droit de se défendre. Qui plus est, la décision de retrait des troupes peut se lire comme un signal positif de bonne volonté envoyé par le gouvernement israélien à la communauté internationale alors qu’il est largement perçu comme un gouvernement très (trop ?) radical et que son incapacité à faire émerger une stratégie de paix viable avec les Palestiniens est vivement critiquée.

A noter : le Hezbollah se refuse à tout commentaire avant le retrait effectif des soldats israéliens mais se montre d’ores et déjà très pessimiste. Israël a annoncé que des troupes seront déployées à la frontière pour lutter contre le trafic de drogue et les militants du Hezbollah. La question de la mise en place des soins d’urgence et des services de base (eau, électricité…) reste en suspend.

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