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Que reste-il du terrorisme en Occident ?

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Il semble bien loin le temps où New York, Madrid puis Londres furent durement frappées par des attaques terroristes. Aujourd’hui, l’Occident ne paraît plus menacé par des attaques de grande ampleur. Cependant, la menace terroriste n’est pas à écarter. Car elle a tout simplement changé d’espèce.

C’est un euphémisme que de dire que la menace d’Al-Qaïda n’en est plus une en Occident depuis quelques années. La mort d’Oussama Ben Laden, le guide d’Al-Qaïda, il y a deux ans, a enterré tout risque d’attentat de très grande ampleur. Aucune organisation terroriste n’a repris le flambeau, et les dernières actions terroristes se cantonnent à de petits groupes régionaux, lourdement armés, sévissant dans deux foyers : le Moyen-Orient (Syrie, Liban, Irak, Afghanistan) et dans le Grand Sahel (sur une bande horizontale du Mali à la Somalie). Les seules menaces qu’elles font peser sur l’Occident sont donc de perpétrer des attaques sur place, contre les intérêts occidentaux, attaques très nombreuses et le plus souvent très meurtrières, comme l’attentat d’Arlit du 23 mai. Cependant, ces attaques demeurent inferieures en nombre et en intensité par rapport à toutes celles liées à des motifs religieux (sunnites/chiites en Irak, musulmans/chrétiens au Nigeria par exemple).

Sur le sol occidental, il n’y a donc plus de réelle menace d’attaque de grande ampleur. Le plus fort risque est désormais représenté par des groupuscules qui, en recherche de notoriété et de pouvoir, se revendiquent le plus souvent d’Al-Qaida. La menace islamiste, largement relayée par les médias dans un contexte de méfiance généralisée, a pu frapper, comme à Toulouse (Merah), ou, selon les premières constatations, à Londres ce 22 mai. De plus, l’Occident a aussi été frappé par des fondamentalistes chrétiens (Breivik en Norvège). Tandis qu’à Boston, les doutes sur les motifs réels du double attentat des frères Tsarnaev persistent.

Et pourtant, jamais les dérives sécuritaires n’ont été aussi importantes…

Fort de cette mutation du terrorisme, on pourrait penser que les Etats ont pris conscience de ce constat. Hélas non. Barack Obama, depuis 2008, n’a fait que renforcer l’arsenal sécuritaire promulgué par les néo-conservateurs en 2001 et son inaction généralisée sur le cas Guantanamo est insuffisamment relevée. En France, le dispositif Vigipirate n’a pas évolué depuis dix ans, et nos services de renseignements ont été soit laxistes (comme dans le cas Merah), soit excessifs (le groupe de Tarnac).

En résumé, les menaces terroristes apparaissent de plus en plus imprévisibles en Occident, en raison du caractère très disparate des cellules terroristes, capables de commettre des actes isolés et relativement peu destructeurs. En plus de cela, les retombées post-11 septembre ont engendré la formation de nombreux amalgames douteux entre terrorisme, islamisme, fondamentalisme voire immigration. La notion de « terrorisme » est désormais sur-utilisée, le plus souvent par les défenseurs du tout-sécuritaire.

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