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L’Argentine subit encore les contrecoups de 2001

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De plus en plus malmenée par une inflation structurelle difficile à enrayer, et toujours poursuivie par des « fonds vautours » qui refusent une déstructuration de la dette nationale, la puissance Argentine peine à sortir du marasme économique de 2001.

L’Argentine semblerait ne pas en avoir fini avec les vieux démons de 2001 : le 23 août dernier, la Cour d’Appel de New-York a condamné l’Argentine à rembourser  1,5 milliards de dollars aux deux fonds d’investissement NML Capital et Aurelius. Ces fonds d’investissement, surnommés « fonds vautours » par la présidente Cristina Kirchner, avaient racheté une part de la dette argentine au moment de la crise de la dette en 2001, à un prix bien en deçà de sa valeur nominale et réclament aujourd’hui le remboursement intégral de cette dette (c’est-à-dire la valeur nominale, plus les intérêts et pénalités).

Il faut rappeler qu’en 2005, l’Argentine avait remboursé par anticipation les 9,6 milliards de dollars qu’elle devait au FMI et avait par la suite demandé une forte décote de sa dette auprès de ses créanciers, proposition acceptée par 93% d’entre eux, NML Capital et Aurelius faisant partie des 7% restants.

L’Argentine craint ici un phénomène de contagion : les autres créanciers pourraient en effet être tentés eux aussi de réclamer leur dû, et la facture s’élèverait alors à… 40 milliards de dollars, une somme tout à fait démesurée par rapport aux ressources financières actuelles du pays.

Ce contentieux avec NML Capital et Aurelius vient remettre sur la table les difficultés économiques que traverse l’Argentine depuis 2001.

La forte proportion du secteur primaire dans l’économie argentine (l’agriculture représente à elle seule 56% des exportations) rend le pays très dépendant des fluctuations des cours mondiaux des matières premières. Les taux de croissance très élevés des années 2000 (parfois 9% de croissance par an), ne sont donc jamais que provisoires (1,9% en 2012) et ne sont malheureusement pas investis en vue d’une diversification de l’économie. De plus, le pays est toujours en proie à une inflation galopante, officiellement de 10,8% (selon l’INDEC, équivalent argentin de l’INSEE), mais qui serait en réalité proche des 30% selon des cabinets d’études privés. La forte « dollarisation » des circuits financiers argentins pèse sur la valeur du peso argentin, et les politiques de contrôle de change mises en place à partir de 2007 se révèlent largement inefficaces. Enfin, les multiples nationalisations d’entreprises et  les mesures protectionnistes visant à encourager le « Made in Argentina » pour relancer la croissance freinent énormément les partenariats avec l’extérieur et la concentration des entreprises de distribution détruit la concurrence, entraînant dès lors une forte hausse des prix pour le contribuable.

Les efforts accrus du gouvernement Kirchner dans un contexte d’élections législatives suffiront-ils à tourner enfin la page d’une crise qui n’en finit pas ? Une chose est sûre, l’ensemble des politiques économiques « kirchneristes », le refus d’accéder aux requêtes des « fonds vautours » et le maintien de relations tendues avec le FMI montrent de toute évidence que l’Argentine tient à sortir de la crise par ses propres moyens, sans l’aide d’institutions occidentales tenues, pour les argentins, pour seules responsables des difficultés économiques actuelles.

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