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Entre sponsoring et intérêts nationaux : l’exemple de PDVSA

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Le rôle majeur du géant pétrolier PDVSA ne nous est plus inconnu. Indirectement administré par H. Chavez puis son successeur à la présidence N. Maduro, et malgré d’importants déficits, PDVSA s’investit depuis plusieurs années dans le sport automobile.

35 millions d’euros. Voilà la somme déboursée chaque année par PDVSA pour placer un pilote vénézuélien, Pastor Maldonado, au volant d’une Formule 1. Néanmoins, PDVSA est très loin d’être une entreprise profitable. Pourtant assis sur les plus grandes réserves mondiales prouvées de pétrole, le Venezuela demeure un pays hautement instable où la manne pétrolière, indirectement gérée par l’Etat, est très mal utilisée. De très nombreuses rumeurs assurent que la manne a permis à Chavez de rester au pouvoir, celle-ci couvrant les déficits budgétaires engendrés par des politiques expansionnistes.

Aujourd’hui, le Venezuela ne s’est toujours pas remis de la disparition d’Hugo Chavez. Son successeur, N. Maduro, a beau utiliser certains préceptes chavistes (en forçant certains commerçants à purement et simplement brader certains produits dans les magasins, par exemple), il n’a pas l’aura de son prédécesseur. Pire, le cas PDVSA s’aggrave de jour en jour. Des dettes estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars pèsent sur la compagnie publique, incapable de moderniser son appareil productif, tâche pourtant nécessaire pour toute grande compagnie impliquée dans l’exploration et production de pétrole.

Le seul soft power vénézuélien ?

Peut-on alors penser que les millions versés pour faire apparaitre un pilote vénézuélien en Formule 1, et y afficher le logo de PDVSA sur sa voiture, soit en décalage avec cette réalité économique ? Probablement que non. Il ne s’agit ni plus ni moins pour le Venezuela que d’exercer là son soft power. Incapable de rivaliser avec les milliards venus des Emirats ou de Républiques d’Asie Centrale inondant des sports comme le football, le Venezuela s’est donc centré sur le sponsoring dans le sport automobile roi. Sport accueillant bien volontiers ces millions, tant l’économie de la Formule 1 est à la recherche d’argent pour financer ses recherches technologiques très coûteuses en ces temps de vaches maigres.

Il y a peu d’exemples dans le monde d’une telle association Etat- entreprise publique – sportif. Pour l’instant, même si elle s’avère loin d’être gagnante (P. Maldonado n’a remporté qu’un seul Grand Prix dans sa carrière), elle dure. Pour combien de temps ? Difficile à dire, tant l’imprévisibilité est au coeur du modèle économique vénézuélien depuis une quinzaine d’années. PDVSA vit donc sur un modèle économique a priori insoutenable : bardée de dettes, elle se permet d’exister dans l’un des sports les plus dépensiers de la planète. Quitte à pousser le vice très loin. PDVSA sponsorisera en effet l’écurie Lotus en 2014, tout comme… Total. Deux compagnies pétrolières sponsors d’une même équipe, il n’y avait que PDVSA pour ne pas se soucier d’éventuels problèmes de cohabitation.

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