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Bolivie-Pérou : un accord environnemental pour sauver le Lac Titicaca

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Le 7 janvier dernier, un nouvel accord a été signé entre la Bolivie et le Pérou. L’objet de ce texte est cette fois le « sauvetage » et la préservation de l’écosystème du Lac Titicaca, plus grande réserve d’eau douce d’Amérique du Sud, situé à 4000 mètres d’altitude. Les deux pays frontaliers sont parvenus à s’entendre dans le but de sauvegarder l’activité touristique – et donc les bénéfices économiques – que suscite ce lac, ainsi que pour protéger les populations locales. Il s’agit d’une nouvelle étape dans la coopération entre la Bolivie et le Pérou.

Le Lac Titicaca, divisé entre la Bolivie et le Pérou, est la plus grande réserve d'eau douce d'Amérique du Sud.
Le Lac Titicaca, divisé entre la Bolivie et le Pérou, est la plus grande réserve d’eau douce d’Amérique du Sud.

La Ministre de l’écologie et de l’eau bolivienne, Maria Moreira, et son homologue péruvien, Manuel Pulgar-Vidal Otarola se sont mutuellement félicités pour ce plan décennal, qui prévoit d’améliorer la qualité des eaux du lac d’ici 2025. Étant donné que le Lac Tititica est un véritable joyau touristique, notamment car il s’agit du plus haut lac navigable au monde mais aussi car il y a une faune et une flore exceptionnelles, les deux pays jugent nécessaires un retour à l’équilibre pour cette zone. De plus, les habitants de la région vivent principalement de la pêche. Les représentants boliviens et péruviens ne tiennent pas à ce que le Lac Titicaca connaisse le même sort que le Lac Poopo (situé en Bolivie), qui ressemble aujourd’hui plus à un désert salin qu’à une étendue d’eau douce.

C’est pour cette raison qu’une enveloppe de 500 millions de dollars a été débloquée pour développer les infrastructures nécessaires. Le rôle de celles-ci sera de lutter contre les conséquences néfastes des activités agricoles et minières intensives de la région. Il a déjà été prévu qu’une partie de cette somme serve à construire des systèmes de traitements des eaux usées dans des localités proches du lac. Ceci devrait permettre de stopper, ou du moins de ralentir, la dégradation de la qualité des eaux du Lac Titicaca. Cette dégradation est un côté néfaste de la croissance très rapide de la Bolivie (+5% en 2015). Une industrialisation intensive s’est produite, sans que le gouvernement ait le temps d’imposer des règles en termes de pollution, ou d’investir dans les infrastructures nécessaires.

Cet accord marque une nouvelle étape dans l’axe de coopération Bolivie/Pérou. En effet, les deux pays avaient déjà signé la Déclaration de Isla Esteves le 23 juin 2015, à l’occasion d’un premier Cabinet binational. A cette occasion, les deux chefs d’État, Evo Morales (Bolivie) et Ollanta Humala (Pérou) s’étaient rencontrés pour signer ce premier accord.

La Déclaration de Isla Esteves posait les bases du texte signé en janvier 2016 ; avec notamment la création d’une commission devant travailler les problèmes environnementaux concernant les deux pays. De plus, elle a acté le début d’une collaboration dans la lutte contre le trafic de drogue et contre le trafic d’humains. Ces deux textes successifs montrent l’importance de la coopération régionale pour travailler de concert sur des problématiques qui dépassent parfois largement les moyens d’un seul État.

En plus de mettre en exergue la nécessité de l’entente régionale pour lutter contre les problèmes environnementaux, le cas du Lac Titicaca montre aussi l’importance de protéger les réserves hydriques.

Carte montrant la situation géographique du Lac Titicaca, ainsi que sa division entre les deux Etats.
Carte montrant la situation géographique du Lac Titicaca, ainsi que sa division entre les deux Etats.

Le Lac Titicaca a évidemment une importance économique du fait de son activité touristique, mais aussi culturelle – c’est le berceau de la civilisation Inca. Mais il est également, et avant tout, une des plus importantes réserve d’eau douce d’Amérique du Sud, et a fortiori de la planète. Dans un monde où le stress hydrique (moins de 1700m³ d’eau par habitant par an) va toucher de plus en plus de pays, il est nécessaire de mettre en place des gouvernances communes de l’eau. Ainsi, comme l’eau est parfois source de tensions géopolitiques, on peut voir comme positif l’entente entre la Bolivie et le Pérou au sujet du Lac Titicaca.

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