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Duterte, bye bye America ?

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Le très radical Président philippin Rodrigo Duterte, élu en juillet dernier, s’est fait remarquer par des décisions politiques surprenantes, notamment dans la lutte contre la criminalité. En termes de politique étrangère, son éloignement vis-à-vis de Washington commence à être palpable.

Le nouveau président philippin Duterte joue-t-il avec les nerfs des Occidentaux ?
Le nouveau président philippin Duterte joue-t-il avec les nerfs des Occidentaux ?

Le déplacement du pivot stratégique américain du Moyen-Orient vers l’Asie de l’est est l’une des décisions politiques majeures que l’on pourra retenir du deuxième mandat de B. Obama, même si son effectivité reste discutable. Après des décennies de concentrations des forces au Moyen-Orient, tisser des liens avec l’Asie, notamment celle du sud-est, devait la pierre angulaire de la nouvelle politique étrangère américaine. Pourtant, sa fin de mandat est marquée par un éloignement d’un allié historique, les Philippines.

Historiquement dirigées par les Etats-Unis jusqu’en 1945, puis plus parmi les plus proches alliées de Washington dans la région, les Philippines et son président actent de plus en plus une « séparation », comme Duterte l’a affirmé lors d’une récente visite à Pékin, sans oublier une insulte violente qui a obligé Obama à annuler une rencontre bilatérale. La séparation avec Washington se double d’un rapprochement avec Pékin. L’exemple le plus frappant est l’annonce de Duterte de la non-reconnaissance de l’arbitrage par une Cour de La Haye concernant les contentieux frontaliers en Mer de Chine. Pourtant a priori favorable aux Philippines (celles-ci récupéreraient quelques territoires si cet arbitrage était validé !), Duterte a cédé aux avances chinoises concernant de juteux partenariats commerciaux estimés à 13 milliards de dollars.

Lubie d’un nouvel arrivant ou réel changement ?

Que cherche réellement Duterte ? A marquer de son empreinte l‘histoire des Philippines en étant un dirigeant ouvertement anti-américain et tourné vers la Chine ? Fait-il cela à cause des accusations portées à son encontre liées à des arrestations massives et extrêmement violentes dans le milieu de la drogue ? Ses diatribes récentes contre les organisations et pays occidentaux promouvant les droits de l’homme (Etats-Unis, mais aussi Europe, ONU, etc.) le laissent penser.  Il n’en reste pas moins que c’est un nouveau pays que la Chine tente de rallier dans sa sphère. Il y a quelques mois, elle faisait de même avec le Cambodge, qui poussa l’ASEAN, l’union régionale en Asie du sud-est, à retirer une déclaration à propos des conflits frontaliers évoqués précédemment, en échange d’un prêt important venu de Pékin.

Le pivot américain ne sera donc probablement pas une réussite. Il est hautement improbable que le traité transpacifique (TTP) soit ratifié avant la fin de l’année, alors que les négociations semblaient très bien embarquées. La Chine, elle, se rapproche plus économiquement que politiquement de la région, et c’est justement ce que ces pays-là souhaitent. N’est-il pas là, le réel changement dans le sud-est asiatique ?

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