Amérique

Obama sur les traces de Bill Clinton

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C’était le 6 décembre dernier. Barack Obama revenait sur cette promesse faite pendant la campagne présidentielle  : en finir, enfin, avec les avantages fiscaux pour les plus riches et concentrer l’effort fiscal sur les classes moyennes. Une débâcle électorale plus tard la Maison-Blanche devait annoncer une concession majeure, habilement maquillée en un « compromis » : la reconduction des baisses d’impôts, contre pas grand chose. Beaucoup de Démocrates ne s’y sont pas trompés et n’ont pas hésité à se mutiner contre leur leader en appelant la Chambre des représentants à voter contre le projet. Le ton est donné.

Quoiqu’il advienne du compromis fiscal, la ligne de fracture au sein du camp démocrate est désormais tracée. Pour Obama, cette rupture d’avec la fraction la plus à gauche de son parti semble être le prix à payer pour pouvoir espérer briguer un deuxième mandat dans deux ans. Comme pour Bill Clinton, son grand espoir est maintenant de pouvoir se hisser au-delà du clivage qui oppose Démocrates et Républicains en se rapprochant du centre et des milieux économiques, et de séduire ainsi une majorité d’électeurs par son pragmatisme. Le compromis fiscal devient alors, selon ses propres mots,  « un pas en avant essentiel pour la reprise économique ».

Obama réagit donc à la débâcle électorale de novembre. La situation n’est pourtant pas critique pour celui qui recueille encore 40% d’avis favorables dans les sondages, soit plus que Truman et Clinton (tous deux finalement réélus) dans des configurations similaires. Obama dispose donc d’un peu de temps encore pour élaborer sa stratégie électorale. Une réflexion qui pourrait s’avérer précieuse, car rien n’assure que la voie empruntée par Bill Clinton ne lui convienne. On tendrait même à penser le contraire, le compromis fiscal en est la preuve : on blâmait le manque de tripes d’un Président trop effacé, voilà que celui-ci cède devant les injonctions républicaines  ! On lui reproche de ne pas avoir d’idée directrice, et voilà qu’il revient sur un de ses projets les plus ambitieux ! En pactisant ainsi avec l’ennemi, Obama pourrait finalement tendre le bâton pour se faire battre. Il devra d’ailleurs bien se garder de trop s’éloigner de la ligne politique suivie par son parti, auquel cas il pourrait avoir à repasser l’épreuve délicate des primaires démocrates pour regagner sa place de candidat officiel. La prudence est donc de mise pour Barack Obama, et de cela dépendra sa réélection.

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