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L’Amérique latine juge ses dictatures

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L’Uruguay a promulgué ce vendredi une loi rendant imprescriptibles les crimes commis sous la dictature (1973-1985). Partout en Amérique latine, les responsables des dictatures commencent à devoir répondre de leurs actes. Seul le Brésil semble avoir du mal à franchir le pas.

Lorsqu’il a signé la promulgation de la loi empêchant la prescription des crimes commis sous la dictature, le président uruguayen José Mujica savait qu’il accomplissait un acte historique. Il a ainsi mis fin à 25 ans de silence: depuis 1986 et l’adoption de la loi de caducité, il était impossible de poursuivre en justice tout ancien dirigeants du régime militaire membre des forces de l’ordre sans demander l’autorisation du gouvernement. Les lois d’amnistie des criminels de guerre furent une étape obligée au sortir des dictatures, car elles rendaient possible l’oubli nécessaire à la reconstruction nationale. Néanmoins, les populations en appellent aujourd’hui à la justice; ils estiment anormal que des dirigeants restent encore impunis, certains d’entre eux continuant même à exercer des fonctions publiques.

Ainsi, en Argentine, Alfredo Astiz, homme de main de la dictature plus connu sous le nom de « l’ange blond de la mort » a été condamné à perpétuité jeudi dernier. Dans le pays, après la phase de condamnation massive de 1983-1986, les lois d’amnisties, du « Punto final » en 1986 et de « Obedencia », avaient mis fin aux poursuites, et ce jusqu’en 1998 et l’arrestation du Général Augusto Pinochet à Londres par les autorités internationales. Celle-ci avait alors ouvert la voie à d’autres procès de hauts responsables du régime, se tenant principalement en Europe, avant que le Président Nestor Kirchner décide l’abrogation de certains décrets d’amnistie en 2003. Un pas de plus avait été franchi en 2005, quand la Cour Suprême avait déclaré inconstitutionnelles les lois d’amnisties. Depuis lors, une soixantaine de condamnation ont été prononcées contre les anciens dignitaires du régime.

Seul le Brésil parait vouloir rester en retrait de ce mouvement.

Lula a bien œuvré pour la création d’une « Commission de la vérité », qui a vu le jour mercredi 26 octobre, mais la loi d’amnistie votée en 1979 reste toujours en vigueur, d’autant qu’elle a été confirmée par la Cour suprême en 2010.

L’Amérique latine semble aujourd’hui prête à se confronter à ses anciens démons : après une phase de réconciliation nationale, nécessaire, la justice reprend aujourd’hui ses droits. Une démarche qui sera certes douloureuse, mais qui s’avère inévitable. Pour tourner enfin la page des dictatures militaires.

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