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En Haïti le chaos gangrène la politique

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Près de cinq ans après le séisme dévastateur de janvier 2010, Haïti connaît aujourd’hui un tout autre type de drame. La « perle des Antilles » traverse en effet une crise politique d’une gravité particulière qui a abouti ce 14 décembre à la démission du Premier ministre Laurent Lamothe. Alors que la reconstruction du pays est loin d’être en bonne voie, le retour de la démocratie en Haïti semble des plus complexes.

La démocratie, une chimère en Haïti?
La démocratie, une chimère en Haïti?

Le 12 décembre 2014 se sont déroulées à Port-au-Prince d’importantes manifestations réclamant la démission du Premier ministre, Laurent Lamothe, et du Président, Michel Martelly. Les évènements ont très vite dégénéré en émeute : un véhicule de l’ONUSTAH (mission de l’ONU en Haïti) a même été pris pour cible de jets de pierre. Un jeune homme a même trouvé la mort durant ces manifestations, tué par balle par les forces de l’ordre, alors qu’il tentait, avec une centaine d’autres, de pénétrer dans la cour du palais présidentiel.
Le pouvoir en place est effectivement sur la sellette. Le pays n’a pas connu d’élections depuis plus de trois ans, et le gouvernement a échoué à organiser des législatives en octobre. Le président Martelly est de plus en plus soupçonné de vouloir instaurer une dictature en Haïti. En effet, l’expiration prochaine du mandat du Parlement (12 janvier), pourrait le conduire à diriger le pays par voie règlementaire, lui la seule autorité « légitime » du pays. Un vide politique est donc à prévoir.
Le Premier ministre semble en réalité avoir été une victime collatérale de cette lutte entre les ambitions incertaines du Président et les volontés démocratiques de la population et de l’opposition. Laurent Lamothe annonce être parti « avec le sentiment du devoir accompli », mais cette phrase laisse poindre une certaine dose d’amertume, le sentiment d’un départ forcé, pour celui qui faisait partie des fidèles du Président.

 

Existe-il seulement une solution à cette crise?
Face à cette situation inquiétante, l’attitude de la communauté internationale est ambigüe, gênée. Les manifestants sommaient les Etats-Unis de venir « chercher » le Président et le Premier ministre, les accusant de les avoir installés au pouvoir. Pourtant, l’ambassadrice américaine en Haïti ainsi que des représentants du Département d’Etat se sont entretenus longuement avec l’opposition, mais aussi avec le gouvernement, pour essayer de trouver une issue à la crise politique, sans succès pour l’instant.
Alors qu’une solution pacifique et surtout démocratique aux affrontements politiques récents semble assez compromise en Haïti, le pays reste prostré dans une pauvreté alarmante. Haïti est en effet le pays le moins compétitif d’Amérique latine en 2014. L’IDH d’Haïti a même diminué de dix places dans le classement mondial entre 2010 à 2014, plaçant le pays en 168e position sur 187. Les conséquences du séisme, encore vivaces, font aussi d’Haïti le pire pays au monde en terme de qualités des infrastructures générales selon le World Economic Forum 2014. Enfin, le choléra fait toujours des centaines de victimes chaque année en Haïti.
La crise politique que traverse Haïti aujourd’hui semble hélas la pire plaie qui pouvait encore s’abattre sur ce petit Etat des Caraïbes…

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