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Venezuela – Etats Unis : une impasse diplomatique

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Il y a un an, Barack Obama déclarait une situation d’urgence face à la « menace que constituait le Venezuela ». Depuis quelques années déjà, les tensions entre Washington et Caracas semblent revenir de manière régulière.

Maduro : Président du Venezuela depuis 2013
Le Président du Venezuela, Nicolas Maduro, en poste depuis 2013.

Le régime bolivarien : la confrontation de deux idéologie antagoniques

Le Venezuela , dont la politique a été souvent malmenée de coups d’État et de dictature est rebaptisé République Bolivarienne du Venezuela par Hugo Chávez en 1998, en l’hommage à Simón Bolivar. Le programme d’Hugo Chávez, figure historique du pays, peut être considéré comme une source des tensions actuelles entre les États-Unis et le Venezuela. En effet, ce dernier dénonce à la fois « l’impérialisme Etats-Unien » et déstabilise les multinationales étrangères présentes sur son pays notamment lorsqu’il décide de nationaliser le secteur pétrolier à partir de son premier mandat en 1998.

De plus, le programme de ce dernier met en valeur l’importance d’une unité des pays de l’Amérique du Sud. Ainsi, le pays, membre fondateur de l’ALBA, l’Alternative bolivarienne pour les Amériques et membre du Mercosur, fige sa politique étrangère par la force de ses pays voisins et semble vouloir s’émanciper d’une dite « ingérence » de la part des Etats-Unis. L’administration Bush tente alors un coup d’état contre le pouvoir Chávez en 2002. Cet essai ne fut pas fructueux. En effet, moins de deux jours après la « chute du pouvoir » le peuple décide de reconnaitre Hugo Chávez à la tête de l’Etat.

Des tensions qui subsistent malgré les changements de gouvernement

Plus récemment, son successeur, Nicolas Maduro, élu démocratiquement en 2013 suite au décès de Chávez, perpétue l’idéologie bolivarienne. Cependant il est également heurté par une situation économique qui bouleverse les piliers de la politique vénézuélienne. En 2013, la chute des cours de pétrole bascule les économies des pays producteurs. Parmi eux, le Venezuela, bascule dans une crise économique, liée à la dépendance de la société envers ses exportations. Estimée par le FMI à plus de 700% d’inflation en 2017, le pays, même s’il dispose de nombreuses ressources naturelles, importe une majorité des produits de consommation. Le rationnement est pratiqué et la majorité de la population doit désormais faire la queue afin de se procurer les produits de consommation. Le pouvoir politique de Maduro et de son équipe est alors discuté au sein de la population du pays. Nicolas Maduro, qui refuse d’écouter les partis d’opposition, fait même appel au pape afin de régulariser une future crise institutionnelle.

De son coté, Washington tente de fragiliser le pouvoir lorsque Obama déclenche un état d’urgence face à une menace de la part du Venezuela. Mal accueillie par la communauté internationale, cette déclaration démontre une crise de la diplomatie entre les deux pays et une situation qu’aucune des nations se semble vouloir normaliser. Obama montre également son ressentiment lorsqu’il condamne la réaction violente du gouvernement en 2014, face à des manifestations populaires.Les deux pays, en froid diplomatique entretiennent cependant une interdépendance économique. Les Etats-Unis restent aujourd’hui le premier partenaire commercial du Venezuela, notamment leur premier client qui importe leur pétrole. Washington et Caracas doivent ainsi faire des compromis. Le Venezuela est dépendant de ses exportations et les Etats-Unis n’auraient aucun intérêt à voir le Venezuela faire faillite. Les différences d’idéologies politiques entre Obama et Maduro pèsent sur le climat commercial entre les deux pays et il semblerait que les Etats-Unis soutiennent d’une certaine façon une médiation sur la fragilité du pouvoir de gauche en place. En effet, le gouvernement du pays d’Amérique du Sud, enlisé à la fois dans une crise économique et sociale peine à se reconstruire une image auprès du peuple.

En février 2017 , les tensions entre les deux États s’accumulent et l’espoir de la communauté internationale d’un apaisement des tensions entre Caracas et Washington disparaît. Donald Trump, nouvellement élu accuse le nouveau vice-président vénézuélien Tareck El Aissami de trafic de drogue ; le gouvernement de Caracas en réponse supprime la chaîne américaine CNN (en espagnol) des ondes du pays. De plus, Trump prend position dans l’affaire de l’opposant vénézuélien Leopold Lopez, emprisonné depuis trois ans et appelle à sa libération. Ces regains de tensions montrent alors la difficulté pour les deux pays à proposer des accords sans vouloir interférer dans leur politique respectives. Entre la situation économique du Venezuela qui s’enlise et la nouvelle présidence des États-Unis, il est donc peu probable que les tensions sociales trouvent une issue pacifique qui résoudraient à la fois une crise nationale sur le plan économique et soulageraient les pressions politiques persévérantes des deux pays.

 

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