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Eaux tumultueuses en Mer de Chine méridionale

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Des activistes japonais ont planté le drapeau de leur pays sur une île de la Mer de Chine méridionale. Cette action a  ravivé les tensions sino-japonaises quant au partage de l’espace maritime en Asie-Pacifique

C’est un affrontement qui dure depuis des années, entre deux civilisations qui revendiquent toutes deux le leadership asiatique. Qui dit domination de l’Asie, dit hégémonie maritime. En effet, le continent asiatique, et plus particulièrement sa partie orientale, est construit autour de la Mer. Le phénomène de littoralisation s’observe sur tout le  long de la façade Asie-Pacifique, qui est la première façade maritime mondiale. L‘économie de ces pays, qui ont émergé dans la seconde moitié du XXème siècle s’est d’abord fondée sur l’ouverture au monde grâce à l’exportation vers l’Occident, permise par la construction de grands ensembles portuaires. L’accès à la mer est ainsi fondamental en Asie. Chaque Etat cherche donc à le sécuriser au maximum en étendant ses eaux territoriales (telles que définies par la convention internationale de Montego Bay en 1992, avec notamment le concept de zone économique exclusive). Cette législation internationale a donné lieu à des désaccords toujours d’actualité entre pays voisins : Russie, Japon, Chine, Corée, pour ne citer que les principaux.

La dénomination même des territoires et espaces maritimes est enjeu de pouvoir.

Pour parler de la Mer de Chine orientale, utilisez « Mer de l’Est », si vous êtes en Chine, mais « Mer du Sud » si vous vous trouvez en Corée. Employez le terme « îles Kouriles » pour nommer cet archipel que les Japonais ont baptisé « Territoires du Nord », et vous vous positionnez du côté Russe. Il en est de même pour les îles que les activistes Japonais ont occupé hier : eux les nomment Senkaku, tandis que leurs adversaires chinois préfèrent le terme Diao Yu.

Ces  îlots rocheux, pour la plupart inhabités, n’intéressent pas en tant que tels ces grandes puissances. L’objet de toutes les convoitises réside dans la zone maritime à laquelle ils donnent accès. Les  eaux y sont réputées riches en ressources halieutiques, tandis que  la présence supposée d’hydrocarbures en fait  un trésor inespéré pour des pays comme le Japon et la Chine, qui cherchent à sécuriser leur approvisionnement énergétique. Enfin, il ne faut pas omettre le rapport de force historique : perdre ou renoncer à ces territoires serait avant tout perdre la face. Subir un tel affront de la part d’un ennemi héréditaire n’est pas une chose qu’un asiatique est prêt à accepter.

L’incident d’hier ne fait que raviver des tensions toujours latentes autour de la façade Asie-Pacifique. Des tensions historiques, qui n’ont pas vocation à être résolues.  Le statu quo à chacun de garder intact son honneur, est à l’heure actuelle probablement la meilleure solution.

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