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La mer d’Aral, une mer sauvée et une condamnée ?

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Deuxième mer intérieure mondiale en termes de superficie après la mer Caspienne, la mer d’Aral a souffert d’une réduction importante de sa taille ces dernières décennies. Présentation de cette mer, coincée entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan et dont le bassin hydrologique coïncide avec la région de l’Asie centrale.

Avec une superficie de plus de 60 000 km², la mer d’Aral représente plus de 10% de la superficie de la France jusqu’aux années 1960. Si par le passé, cette mer avait déjà disparu suite à des changements climatiques, l’assèchement qui a eu lieu au XX° siècle est cette fois lié à l’activité humaine. En effet, c’est en pleine époque soviétique que les deux fleuves alimentant la mer d’Aral, l’Amou-Daria et le Syr-Daria, sont détournés afin de permettre des productions agricoles nouvelles, essentiellement du coton. Par la construction du Canal de Karakoum, le plus grand canal d’irrigation au monde (près de 1400 km de long), l’Amou-Daria vit son débit fortement se réduire à partir des années 1960, ses eaux étant transportées jusqu’au Turkménistan.

Un désastre écologique… et humain

Les conséquences de cette politique sont multiples : la superficie de la mer d’Aral a perdu entre 50 et 75% de sa superficie, et entre 80 et 90% de son volume. De nombreux bateaux échoués et rouillés sont visibles dans ce qui est devenu peu à peu un désert. A partir de 1989, la mer d’Aral fut séparée en deux parties non reliées. La salinité de l’eau, qui était assez faible à l’origine, a fortement augmenté, tuant de nombreuses espèces de poissons (notamment 28 espèces endémiques que connaissait cette mer) et mettant fin à la pêche, activité pratiquée initialement par des dizaines de milliers d’habitants. Les pesticides et insecticides ont fortement pollué l’eau et les terres qui permettaient de faire de l’élevage. Surtout, cette pollution a fait exploser le taux de mortalité infantile (au-delà de 100 pour 1000), les malformations, les cancers, les maladies graves de type tuberculoses, etc. Enfin, l’amplitude thermique a augmenté de 50%, passant de -50 à +50°c.

Pourtant, si certains géologues avaient annoncé une disparition imminente de la mer d’Aral (les estimations s’accordaient sur une mort prévue vers 2025) au début des années 2000, il semblerait que le niveau de celle-ci remonte depuis quelques années. Suite à la chute de l’URSS en 1991, l’UNESCO, l’Union Européenne, la Banque mondiale et les Nations Unies notamment ont cherché à résoudre ce problème. Grâce aux revenus pétroliers du Kazakhstan, des travaux ont été entrepris pour faire renaître la Petite mer d’Aral (la partie située kazakhe, au Nord), notamment un barrage entre les deux mers. Depuis la fin de la construction de ce barrage en 2005, la Petite mer a vu son niveau être rehaussé de plusieurs mètres. Mais ce barrage risque d’avoir pour conséquence d’accélérer l’assèchement de la partie Sud, l’Ouzbékistan (deuxième producteur mondial de coton) n’étant semble-t-il pas prêt à abandonner ses cultures intensives et laissant l’Aral à l’abandon…

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