Asie et Océanie

La mobilisation cambodgienne en marche

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Ce dimanche, ils étaient plus de 20 000 à Phnom Penh, la capitale cambodgienne pour protester contre le résultat des élections législatives du mois de juillet dernier. Selon les manifestants, la réélection du Premier ministre Hun Sen et de son parti, le Parti du peuple cambodgien (CPP) serait illégitime, puisque biaisée par des résultats frauduleux. Au Cambodge, le rapport de force entre manifestants et gouvernement est donc amorcé.

Le 28 juillet dernier, Hun Sen était réintroduit Premier ministre face à son principal opposant, Sam Rainsy, leader de l’opposition et chef du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP). Avec 58% des suffrages, aussi le CPP conserva-t-il sa majorité au sein du Parlement, un résultat aujourd’hui contesté par un grand nombre de personnes au sein du pays : ce dimanche, les manifestants étaient issus de toutes les régions du pays, arborant des pancartes sur lesquelles pouvait être aperçu « Où est mon vote ? », gage de leur volonté de continuer le combat aussi longtemps qu’il le faudra.

Cette manifestation fait suite à une rencontre éclair entre Hun Sen et Sam Rainsy hier dans la journée, au cours de laquelle une médiation entre les deux parties fut décidée. A l’origine, cette médiation avait été demandée par le roi du Cambodge en personne, Norodom Sihamoni, qui proposa cette rencontre de manière à « résoudre le problème de la Nation ». Malgré cela, Sam Rainsy était présent aujourd’hui pour prononcer un discours contre « les résultats frauduleux » des législatives, tandis que les policiers étaient mobilisés suite à la découverte ce vendredi d’une bombe artisanale à quelques pas du Parlement.

Comme en France, le pouvoir législatif est exercé par un Parlement bicaméral, soit constitué à la fois d’une Assemblée nationale et d’un Sénat, le Sénat étant également dominé par le Parti du peuple cambodgien depuis janvier 2012. Les dernières élections sénatoriales avaient d’ailleurs vu le Parti Sam Rainsy monter en puissance, peu avant d’être renommé Parti du sauvetage national du Cambodge par anticipation des législatives de 2013. Ces élections avaient également été l’occasion de révéler la perte de vitesse du parti royaliste, le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (Funcinpec).

Les revendications de l’opposition sont simples : organiser une enquête sur les fraudes à la charge d’une commission indépendante, mais Hun Sen et le gouvernement restent opposés à cette idée, Hun Sen ayant récemment affirmé qu’un nouveau gouvernement serait reformé dans l’éventualité où l’opposition boycotterait le nouveau Parlement.

Pour l’instant, la manifestation continue, malgré l’interdiction fixée par les autorités de manifester après dimanche. Mais ce premier jour de rassemblement semble indiquer que la manifestation ne s’arrêtera pas là, les autorités ayant autorisé seulement 10 000 personnes à manifester aujourd’hui, pour 20 000 personnes au bout du compte annoncées. Les prochaines négociations entre Hun Sen et l’opposition auront lieu lundi, une semaine avant l’ouverture de la session parlementaire le 23 septembre prochain.

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