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Rétrospective 2013: Xi Jinping: La Chine a-t-elle changé en 2013 ?

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 Le 15 novembre 2012, le tout nouveau président chinois Xi Jinping entrait en fonction à la suite de Hu Jintao. Quel bilan peut-on aujourd’hui tirer de cette première année présidentielle ? Quelles seront les grandes attentes du peuple chinois en 2014 ?

Fils d’un proche de Mao tombé en disgrâce, Xi Jinping fait partie de cette jeune génération qui connaît l’envers de la révolution culturelle maoïste. Connu pour son pragmatisme et son franc-parler, il séduit les chinois qui voient en lui l’espoir de réformes sociales visant à réduire les inégalités sociales et lutter contre une corruption asphyxiante pour le parti. Analysons donc d’un peu plus près ces changements annoncés par le nouveau chef d’état de la seconde puissance économique mondiale.

Sur le plan intérieur, la première année présidentielle de Xi Jinping se situe dans la parfaite continuité de la présidence de son prédécesseur. Le fil rouge de la politique économique intérieure chinoise reste le développement de la « queue du dragon », c’est-à-dire le développement économique de l’Ouest du pays, en direction des campagnes, une sorte de décentralisation pour rééquilibrer le poids économique des régions chinoises. En outre, la mise en réseau des différentes régions de la Chine s’appuie sur d’importants programmes d’investissement dans le secteur aéronautique – tant sur le plan civil (45 milliards d’euros investis pour la construction de soixante-dix aéroports d’ici 2015) que militaire (la Chine a dévoilé fin novembre 2013 son premier drone furtif).

Sur le plan politique, l’on a pu déceler des signes d’évolution vers un régime plus respectueux des droits de l’Homme, comme a pu le montrer le procès d’un ex-membre du parti, Bo Xilai. Plus encore, les arrestations de hauts-fonctionnaires d’état pour corruption se sont multipliées en 2013, la dernière en date concernant Li Dongsheng le 20 décembre dernier, numéro trois de la police chinoise.

A l’international enfin, la Chine a d’abord accentué sa présence en Afrique, notamment au Tchad et au Congo. Outre l’attrait que constituent les richesses minières de ces deux pays, l’enjeu pour la Chine est bien évidemment de diversifier ses approvisionnements énergétiques encore majoritairement issus d’un Moyen-Orient des plus instables. Les querelles commerciales avec l’U.E. attestent quant à elles d’une Chine encore menaçante pour les Occidentaux, et le charisme bienveillant de Xi Jinping face à son prédécesseur n’y change presque rien.

En définitive : rupture ou continuité pour le nouveau gouvernement chinois ?

Évoquer la continuité pour un régime qui se veut plus jeune, énergique, à l’écoute des attentes du peuple chinois peut sembler inapproprié. Xi Jinping affiche une réelle volonté de réformer le pays, et si les réformes sociales tant attendues se font encore timides, elles existent bel et bien : le 15 novembre dernier, le gouvernement chinois a en effet adopté une série de mesures sociales encourageantes (assouplissement de la politique de l’enfant unique, réduction du nombre de crimes passibles de la peine de mort, et fermeture des camps de redressement par le travail).

D’un autre côté, on ne peut véritablement parler de « rupture », tant les réformes sont pour l’heure incomplètes. Elles montrent surtout, à l’instar de ces millions de chinois qui meurent de faim dans les villes champignons, la frilosité d’un gouvernement qui se risque à « essayer sans trop se mouiller ». Les chinois attendent pourtant les réformes sociales déterminantes qui éviteraient à la Chine de connaître l’envers du décor de trente années de croissance dérégulée.

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