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Hong Kong, un dragon en quête de démocratie

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La multiplication des manifestations à Hong Kong ces dernières années contre le gouvernement chinois souligne une volonté d'autonomisation.
La multiplication des manifestations à Hong Kong ces dernières années contre le gouvernement chinois souligne une volonté d’autonomisation.

Le spectre d’un interventionnisme croissant de Pékin dans les affaires internes de l’île se confirme. L’annonce par le gouvernement chinois des nouvelles modalités d’élection du chef de l’exécutif Hongkongais largement attendue par la population, a suscité l’indignation de mouvements pro-démocrates étudiants, qui ont entamé un boycott des universités lundi 23 septembre.

L’apparente autonomie de l’île: un territoire au statut juridique historiquement ambigu

Selon Milton Friedman, l’île de Hong Kong ferait partie de ces territoires adeptes du «laissez-faire ». Pourtant, si l’esprit libéral domine sur le plan économique, il en est autrement sur le plan politique. Le développement du capitalisme au XXème siècle qui en fait en 2014, la dixième puissance commerciale au monde et la troisième place financière, s’est accompagné d’une immiscion de Pékin dans les affaires politiques.

Cédée pour la 1ère fois à la Grande Bretagne en 1842, l’île fût rétrocédée à la Chine en 1997. Elle fait partie, avec Macao, des Régions administratives spéciales de Pékin, qui bénéficient d’un aménagement particulier dans leurs modalités de fonctionnement, en faveur de plus d’autonomie. Elle dispose d’un chef de l’exécutif, a maintenu un système juridique de common law issu de la période coloniale britannique, et bénéficie d’institutions sociales autonomes. Cependant, ce mode de fonctionnement est progressivement remis en cause par le gouvernement central, à l’initiative d’un projet supposé favorable à la mise en place de l’élection au suffrage universel pour 2017 à Hong Kong, suscitant la colère des mouvements étudiants.

Grève générale des étudiants hongkongais

Depuis lundi 23 septembre, des manifestations sont organisées par une partie de la jeunesse hongkongaise, qui appelle au boycott des universités pour protester contre ce projet, faisant suite à l’annonce par le gouvernement de Pékin le 31 août dernier de la mise en place d’un suffrage universel. Or, il prévoit que les candidats au poste de chef de l’exécutif, au nombre de 2 ou 3 uniquement, seront désignés par un comité de nomination à Pékin et devront être des « patriotes » et « aimer la Chine et Hong Kong ». Jusque là, il était nommé par un comité électif chinois, composé d’environ 800 membres.

Réunis sous la coalition d’Occupy central, qui regroupe plusieurs mouvements pro-démocrates, les manifestants, vêtus de blanc, couleur du deuil en Chine, seraient plus de 10 000, protestant ainsi contre la mainmise grandissante de Pékin sur les institutions politiques hongkongaises. Ce processus va à l’encontre de la doctrine historique « un pays, deux systèmes », prônée notamment par Deng Xiaoping, ancien secrétaire général du Parti communiste chinois, qui serait le socle de l’autonomie de l’île. Mais la création d’une zone de libre-échange en 2004 a renforcé l’interdépendance entre les deux territoires, et le rôle économique de l’île d’intermédiaire entre la Chine et le reste du monde, en fait un territoire stratégique pour la puissance chinoise.

Ces mouvements de révolte font évidemment écho aux évènements de la place Tian’anmen qui ont eu lieu en 1989, et soulève la question d’une possible escalade de violence à l’approche de la fête nationale de la République populaire de Chine, le 1er octobre.

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