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Corée du Nord : la menace nucléaire est-elle réelle ?

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La Corée du Nord a annoncé avoir réussi son premier essai d'une bombe à hydrogène.
La Corée du Nord a annoncé avoir réussi son premier essai d’une bombe à hydrogène.

La progression de la capacité nucléaire de la Corée du Nord et ses intentions sur la scène géopolitique internationale suscitent aujourd’hui plus que jamais les inquiétudes de la communauté internationale. ONU, États-Unis, Corée du Sud sont les principaux adversaires du régime. Sur le plan juridique, la Corée du Nord et la Corée du Sud sont encore en guerre. L’absence de signature d’un traité de paix entre les deux parties laisse planer le doute quant à la teneur des relations et entretient l’existence de tensions. Le 6 janvier 2016, le pays a annoncé avoir réussi son premier essai d’une bombe à hydrogène. Sera-t-elle le premier à briser le tabou de l’utilisation d’un dispositif nucléaire national ?

Isolement politique et ambition de puissance

La place de ce pays qui se rêve en nouveau dragon asiatique dans les problématiques qui fédèrent la communauté internationale est le fruit de l’Histoire. Après la Seconde guerre mondiale et la capitulation du Japon, allié de l’Allemagne, la péninsule de Corée (Corée du Nord et Corée du Sud), est aux prises des principaux acteurs de la guerre froide : l’URSS communiste domine le nord de la péninsule, et les États-Unis le sud. La célèbre guerre de Corée (1950-1953) opposera les deux grandes puissances sur l’échiquier coréen. Malgré un armistice signé en 1953, les tensions restent vives dans la région. Les condamnations du régime totalitaire nord-coréen par les instances internationales telles que l’ONU et ses membres, au premier rang duquel les États-Unis, ont attisé les ambitions de la Corée du Nord. Les tensions se sont accélérées en 2010, lorsque le régime a bombardé une île et fait couler un navire sud-coréen.

Mais c’est à travers le développement d’un dispositif nucléaire que la Corée du Nord crée la tourmente. Après un premier essai réalisé en 2006 et malgré la mise en place de sanctions économiques par le biais du Conseil de sécurité des Nations-Unies, le pays continue de produire et de tester son matériel, tentant ainsi de faire la démonstration de sa puissance aux yeux du monde.

Une guerre nucléaire est-elle envisageable ?

Contre qui cette menace serait-elle dirigée en priorité ? Contre la Corée du Sud, pour des raisons historiques, politiques, mais aussi territoriales, et contre les États-Unis qu’elle a menacés le 1er avril dernier d’une « frappe à tout moment », et qui ont offert à la Corée du Sud, le privilège de leur parapluie nucléaire (garantie offerte par un État disposant d’un armement nucléaire de protéger un État qui en est dépourvu).

Si ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord tente de faire peur à ses ennemis, l’Occident et l’ensemble du monde semblent prendre la menace au sérieux. Le dessein du pays était en effet à l’honneur dans le cadre du sommet sur la sûreté nucléaire le 31 mars dernier.

Le manque d’information quant à la capacité nucléaire de ce pays probablement le plus isolé au monde sème le doute sur la crédibilité du discours de Kim Jong Un, désigné nouveau chef d’État depuis la mort de son père en 2011. En effet, les inquiétudes de la communauté internationale sont rythmées par les annonces des dirigeants politiques nord coréens. Seules les données militaires sont mises en avant par les services secrets nationaux, notamment américains. Selon la CIA, sur le plan militaire, la Corée du Nord disposerait de 4200 chars d’assaut (contre 200 pour la France), 740 navires de combat (134 pour la France), ou encore 820 avions (260 pour la France) et malgré certains échecs, la progression de son armement nucléaire semblerait avérée.

Elle aurait donc les moyens de mettre ses menaces à exécutions. Cependant, si elle donne l’apparence d’une confiance en ses capacités, elle devra faire face au poids du nombre de ses ennemis. La Chine, seule alliée du pays pourrait ne pas prendre le risque de le défendre militairement en cas d’attaque contre l’Occident, et renforcerait son statut d’État seul contre tous. Reste à savoir si la Corée du Nord, dans son isolement, mesurera tous les risques d’une attaque frontale à l’encontre de ses rivaux.

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