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La Mongolie : une dépendance dangereuse

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La Mongolie est boudée de l’actualité internationale. Pourtant, ce pays d’Asie centrale grand comme trois fois la France, possède d’immenses ressources de matières premières qu’il peine à exploiter en raison de son manque d’infrastructure. Et plus encore peut être, de sa dépendance à la Chine et à la Russie.

La principale force du peuple mongole nomade réside dans sa culture solidaire face à « l’extérieur »

Avec la plus grande réserve de charbon au monde, des mines de cuivre, d’or et des gisements de pétrole dans le désert de Gobi, la Mongolie est un pays gâté en matières premières. Malgré cela, le taux de croissance a du mal à décoller et 36% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. De plus, le fait que la Mongolie soit un pays enclavé ne lui facilite pas la tâche.

Ancien pays satellite de l’URSS, elle entretient aujourd’hui de bonnes relations avec la Russie. Les Russes voient dans la Mongolie un point de passage pour acheminer leur gaz et leur pétrole vers la Chine.

La Chine reste le premier partenaire commercial de la Mongolie. Les deux plus grandes mines du pays, Tavan Tolgoi et Oyu Tolgoi situées à proximité de la frontière chinoise, sont idéalement positionnées pour alimenter les importations chinoises de matières premières, notamment en charbon. En effet, la Chine a besoin du charbon mongol pour son industrie sidérurgique (les chinois sont les premiers producteurs d’acier au monde). La Mongolie est donc extrêmement dépendante de la Chine. Ainsi, le ralentissement de la croissance chinoise depuis 2012 a eu des retombées négatives sur l’économie mongole. La chute du prix des matières premières à partir de 2013 a aussi joué en la défaveur de la Mongolie.

Le problème des infrastructures

La gestion des infrastructures est un point à régler d’urgence si la Mongolie souhaite se délivrer de cette dépendance économique. En 2010, le projet ferroviaire de la « route de la steppe » a été imaginé. Une ligne de chemin de fer devait relier la Mongolie d’est en ouest. Mais ce projet, jugé trop coûteux et pas assez rentable a vite été abandonné. Pour l’instant la seule voie de chemin de fer relie la Russie et la Chine du nord au sud et passe par la capitale Oulan-Bator.

En septembre 2014, les présidents russe, chinois et mongole ont décidé de mettre en place un couloir économique reliant les 3 pays. Plusieurs travaux ont débuté comme l’autoroute qui doit relier Zamyen-Uud au sud à Altansbulag au nord.

Les matières premières : un cadeau empoisonné ?

La dépendance aux matières premières est en train de se transformer en cadeau empoisonné pour la Mongolie.

Dès la chute de l’URSS en 1991, la Mongolie s’est reconvertie en économie de marché en exportant ses matières premières, et s’est développée de façon totalement anarchique. La population mongole, de culture nomade, n’était pas prête pour cela. Un fossé est en train de se creuser entre les nouveaux citadins de la capitale et le reste de la population.

De plus, le système politique est bloqué et la corruption gangrène le haut de la société mongole. Par ailleurs, la capitale Oulan-Bator est l’une des plus polluées au monde. Or, un tiers de la population du pays vit à Oulan-Bator, soit 1,3 million de personnes. Et près de la moitié des habitants vivent dans des yourtes dans des conditions désastreuses, souvent sans égouts ni eau potable. Pour chauffer leurs yourtes, les habitants utilisent des poêles à charbon, ce qui rend l’air rapidement irrespirable et surtout très toxique.

Pour tenter de s’extraire de cette dépendance à la Chine et à la Russie, Oulan-Bator tente de profiter de sa situation géographique et de la richesse de ses sols pour se faire de nouveaux alliés.

Les États Unis y voient un pays idéalement placé pour endiguer la montée en puissance conjointe de la Russie et de la Chine. C’est l’intervention de la première puissance mondiale en Irak en 2003 qui a permis la mise en place d’un accord stratégique entre les deux pays. La Mongolie a envoyé 130 soldats en Irak, ce qui en fait compte tenu de sa population le troisième plus gros contributeur. En contrepartie, les Américains ont débloqué 20 millions de dollars pour aider au développement de l’armée mongole et des conseillers militaires ont été envoyés sur place. Des aides pour le développement économique sont également fournies.

La Mongolie a également des accords avec le Japon et l’Union Européenne. Mais il ne faut pas se leurrer. Ces investissements sont minimes comparé aux échanges avec la Chine.

Le peuple mongole sait que la solidarité est sa principale force pour vaincre la dépendance. Si l’empire mongol a pu devenir le plus grand empire du monde en 1280, c’est parce que les tribus nomades ont su s’unir et rester solidaires. Aujourd’hui, unifiés autour de cette histoire commune, les Mongols tentent de sauvegarder cette culture qui fait leur force.

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Pablo MENGUY

Ancien étudiant en école de journalisme, aujourd'hui en master à l'Institut français de Géopolitique (IFG).

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