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Toujours la mainmise du PAP à Singapour après les dernières élections générales

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Singapour peut être érigée, en ce début du XXIe siècle, en modèle économique (une cité-Etat aux taux de croissance parmi les plus élevés au monde). Mais cela a une contrepartie (une cause ?), et non des moindres : une mainmise générale d’un seul parti depuis l’indépendance du micro-Etat en 1965, le Parti d’Action Populaire (PAP). Les dernières élections générales organisées cette semaine ne font que confirmer ce fait : 81 des 87 sièges du parlement appartiendront au PAP.

On comprend tout à fait les critiques faites à Singapour au sujet du peu de respect accordé aux libertés individuelles. Une presse globalement à la solde du pouvoir, des individus n’ayant que peu de marge de manœuvre politique, telle est la situation à Singapour. On peut noter une petite prise de conscience de cette mainmise étouffante, puisque six sièges échappent donc au PAP. Parmi ceux-là, cinq reviennent au principal parti d’opposition, le Parti des Travailleurs. Cela n’empêchera évidemment pas le PAP de passer les lois qu’il souhaite, mais ce petit changement est malgré tout vécu comme une victoire par l’opposition.

Le Parti des Travailleurs n’aura pas réussi à attirer plus d’électeurs sur son programme qui pointait les effets pervers du développement singapourien : inégalité croissante des revenus, prix élevés et afflux constant d’immigrés et d‘étrangers. Et c’est là que le bât blesse : Singapour est-il passé trop vite du statut d’un ancien port colonial à celui d’un hub financier mondial majeur, un des pôles des Quatre Dragons ?

Par conséquent, c’est évidemment le vieux débat sur le lien éventuel entre démocratie et croissance économique qui resurgit. L’Asie, particulièrement Pacifique, n’a jamais véritablement connu la démocratie, qui, rappelons-le, est un concept purement occidental. Or, les dirigeants asiatiques ne sont jamais peu fiers de louer leurs efforts en faveur d’une forte croissance économique, sans jamais rappeler que celle-ci s’obtient parfois au détriment de certaines libertés individuelles. Néanmoins, les pays asiatiques semblent loin de vivre une Révolution semblable à celle qu’ont connue certains pays arabes (mentionnons ici l’article consacré à la Chine sur ce sujet).

Bref, le PAP du père de l’indépendance Lee Kwan Yew a de très beaux jours devant lui. Tant que la croissance est forte, sa mainmise ne sera guère contestée. Mais le spectre de la crise de 1997 reste toujours présent dans les esprits. Et avec elle son lot de souffrances…

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