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60ème anniversaire de l’accord en 17 points : nouvelle crise diplomatique entre le Chine et le Tibet

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La Chine s’apprête à fêter le 23 mai prochain le 60ème anniversaire de l’accord en 17 points, document par lequel, en 1951, le jeune Dalaï-lama accepte la souveraineté de la Chine sur le Tibet en échange de la non-modification du système politique tibétain préexistant, soit une théocratie féodale. Or en 1959, la Chine réprime une rébellion tibétaine, force le Dalaï-lama et plus de 80 000 Tibétains à l’exil et instaure la primauté du parti communiste sur la région. Cet anniversaire est donc un moment plus que controversé, puisqu’aujourd’hui encore de nombreux Tibétains contestent le document.

Qui plus est, un nouveau premier ministre du gouvernement tibétain en exil (sans légitimité ni pouvoir politique sur le territoire tibétain donc) vient d’être élu par les Tibétains résidant hors de la Chine (principalement en Inde). Le Dalaï-lama ayant décidé de se retirer de son rôle de représentant politique du peuple tibétain pour se consacrer à celui de guide spirituel, le nouveau premier ministre élu, Lobsang Sangay, 43 ans et diplômé de droit à Harvard, devrait se charger de représenter les intérêts politiques tibétains auprès du gouvernement chinois et de la communauté internationale. Ce dernier se dit prêt à un dialogue avec la Chine « n’importe où, n’importe quand ». Or le gouvernement chinois qui a répondu à cette requête par une interview officielle dans le journal « Le Tibet chinois » considère ce gouvernement en exil n’a aucune légitimité politique en tant que parti séparatiste et traître à la mère patrie. Il rejette donc toute tentative de dialogue officiel.

Le retrait du Dalaï-lama de ses fonctions politiques ne ferait donc qu’aggraver la situation, puisqu’il n’est même plus question de faire ne serait-ce que semblant d’entamer un dialogue avec la population tibétaine, comme c’était régulièrement le cas depuis 2002. Cette réaction des autorités chinoises n’est finalement pas si surprenante ; le gouvernement n’a en effet pas changé sa position sur le statut du Tibet, et la démission du Dalaï-lama qui avait toujours été l’intermédiaire privilégié avec le parti communiste peut être interprétée comme une concession faite à la Chine. Il avait déjà abandonné l’idée de l’indépendance du Tibet pour ne revendiquer qu’une plus grande autonomie. La Chine semble donc espérer que la région, privée de son symbole, abandonnera le combat plus rapidement que prévu, d’autant que la succession du Dalaï-lama est largement controversée et incertaine.

Les événements récents rendent donc le dialogue sino-tibétain de plus en plus improbable, d’autant que les exilés tibétains jouissent désormais d’une démocratie parlementaire et n’accordent donc aucune confiance à la Chine qui, réciproquement, ne voit pas l’intérêt d’accorder la moindre légitimité à un régime qui pourrait casser l’unité territoriale et politique du pays…

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