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La délicate entreprise du Japon

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Le sort du Japon est désormais en suspens : après l’accident nucléaire de Fukushima et les tensions politiques de ces derniers mois, le « pays du soleil levant » doit faire face à un nouvel épisode de son histoire : celui de la sortie de crise.

Passé, l’accident nucléaire de Fukushima n’a pas pour autant été oublié : dévastatrice, la catastrophe l’avait été au regard de la société japonaise qui vit en cette infortune, la soudaine remise en question de son avenir immédiat.

Remise en question de l’avenir nucléaire japonais pour commencer car depuis l’événement, le pessimisme ne cesse de prévaloir sur un optimisme dépassé depuis longtemps; ce pessimisme se nourrit en premier lieu d’une confiance ébranlée du public à l’égard de l’énergie nucléaire : aussi Naoto Kan, l’actuel Premier ministre japonais a t-il signifié au lendemain du drame sa volonté de détacher progressivement le pays de toute dépendance à l’énergie susnommée.

Cela passe par une réorientation de la politique énergétique du pays vers d’autres horizons, en particulier celui des énergies renouvelables.

Dans cette optique, le gouvernement japonais a entrepris ce jeudi 4 août 2011, un premier remaniement de son ministère de l’Energie avec le limogeage de trois hauts responsables du secteur.

Mais les conséquences du drame ne se cantonnent pas à la sphère énergétique : par sa commotion, cette dernière a supposé une certaine déstabilisation de l’économie japonaise, le pays devant faire face depuis l’évènement à plusieurs hydres qui menacent son économie. Le premier est d’ordre physique : gage d’une probable irradiation des produits japonais, la catastrophe de Fukushima a suscité le contrôle voire le blocage des importations de ces produits à l’étranger, en particuliers ceux alimentaires. A cela s’ajoute une deuxième problématique, plus grave : celle monétaire.

A la fois objet de spéculation et valeur refuge face à la crise américaine, le yen, la monnaie japonaise tend à s’apprécier depuis plusieurs mois, pénalisant les exportations du pays puisque cela suppose une moindre compétitivité-prix des produits japonais à l’étranger. « Surévaluée » selon certains investisseurs du pays, ce yen trop vigoureux éveille aujourd’hui l’intervention de la Banque centrale japonaise : ainsi ce jeudi 4 août 2011 la BoJ – Bank of Japan – s’est-elle risquée à s’ingérer sur le marché dans l’espoir d’amorcer la dépréciation de la monnaie japonaise. Si l’opération réussit, ce yen affaibli devrait alors permettre au pays de rétablir ses exportations et de mettre fin aux craintes du patronat japonais qui exerce depuis ce début d’année de fortes pressions sur le gouvernement de Naoto Kan.

De cette délicate entreprise résultera la pérennité de la société japonaise, et de la notre car en dépit de la distance qui nous sépare, notre sort ne peut rester indifférent à celui du « pays du soleil levant » : par la guerre des monnaies qu’il entretient et la révolution énergétique mondiale qu’il suscite, c’est l’ensemble de notre système que le Japon tend à remettre en question.

 

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