Tiers-Monde et émergents

Le développement des tigres asiatiques

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Élément majeur de la vague de développement touchant les économies émergentes d’Asie, l’émergence des tigres asiatiques – Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines et Vietnam – suit celle des quatre dragons – Corée du Sud Taïwan, Singapour et Hong Kong – après leur ouverture économique et l’afflux massif d’IDE à partir des années 1980.

Une usine de production de disques durs en Thaïlande

Outre l’abondance de main d’œuvre peu qualifiée, ces tigres asiatiques se caractérisent dans les années 1970 par des ressources naturelles considérables dans le sol (zone équatoriale) et le sous-sol (l’Indonésie est membre de l’OPEP jusqu’en 2008). Leur situation géographique qui les place au centre de ce qui deviendra le plus grand carrefour maritime mondial constitue un facteur crucial pour expliquer leur développement : détroit de Malacca, batailles pour l’établissement de ZEE (Zones Economiques Exclusives) reconnues internationalement… font de la mer un enjeu majeur.

L’implication japonaise dans les NPI de l’Asie du Sud-est a certes commencé dans les années 1950, mais c’est l’afflux d’ID dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail dans les années 1980 qui lance véritablement leur décollage économique. L’utilisation du dollar comme monnaie d’échange suscite vite l’intérêt des Etats-Unis qui commencent à investir massivement dans ces pays pourtant marqués par des régimes communistes (comme le Vietnam) ou militaires (comme l’Indonésie et la Thaïlande) dans lesquels l’Etat est un acteur majeur du développement, notamment grâce aux entreprises d’Etat. Aujourd’hui, les entreprises chinoises externalisent de plus en plus leur production à faible valeur ajoutée dans ces pays, définissant ainsi une nouvelle DIT.

La stratégie de développement des tigres d’Asie s’organise en trois temps : industrialisation par substitution aux importations (modèle japonais de l’ISI), spécialisation dans l’assemblage à partir des années 1980 (industrialisation par l’exportation), puis remontée de filière (i.e. industrialisation orientée vers des technologies de plus en plus complexes et avancées dans la chaîne de valeur).  Bien sûr, l’entrée des tigres dans l’ASEAN a permis une insertion plus facile dans la DIT asiatique et a contribué à les sortir de la crise qui a succédé au krach boursier de 1997 en Asie.

Si certains analystes considèrent que l’on pourra placer les tigres dans le cercle des pays développés à l’horizon 2020, certains signes de mal-développement perdurent. La zone est marquée par une instabilité politique chronique et du point de vue démographique, macrocéphalie (220 millions d’habitants en Indonésie), transition démographique inachevée, extrême pauvreté rurale et fortes inégalités entre les urbains constituent des obstacles majeurs dont ces pays ne parviennent pas à se défaire. Il faudrait bien évidemment procéder à une analyse plus spécifique des situations de chacun de ces pays. On doit cependant rappeler que les tensions frontalières et les rivalités historiques entre les pays de l’Asie du Sud-est sont considérées par les historiens et économistes comme autant de facteurs qui ont mené à une « coopétition » qui règne dans la région et contribue à accélérer la croissance des tigres.

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