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Le non-sens du soutien actuel à l’Espagne

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Selon Joseph Stiglitz, économiste plaidant pour des idées fort éloignées de l’austérité ambiant pour sortir de la crise, le soutien de l’Europe à l’Espagne est loin d’être optimal, de par la nature même de l’aide proposée.

Il est un fait que les banques espagnoles traversent toutes une période très fortement troublée. Il est probable que certaines soient en banqueroute très rapidement si elles ne sont pas soutenues efficacement de l’extérieur. Pour l’instant, seul l’Etat espagnol peut se porter à la rescousse de ces banques, mais lui-même manque cruellement de fonds pour proposer un plan d’aide minimal.

Pour Joseph Stiglitz, le problème de l’aide actuelle est que le plan européen aide l’Etat espagnol (pour qu’il finance les banques du pays), alors même que ce sont ces mêmes banques qui, depuis le début de la crise, financent le déficit de l’Etat. Autant dire un cercle vicieux qui est loin d’être optimal. A la lecture de cela, on comprend rapidement que le plan européen décidé samedi, qui prévoit une aide de 100 milliards d’euros (bien au-delà de toutes les prévisions des spécialistes) n’est probablement pas le dernier de la sorte. Comment peut-on penser qu’un gouvernement appelle à l’aide ceux-là même dont il est en train d’éviter la faillite ? Encore une preuve que les politiques d’aide actuelles ressemblent plus à du rafistolage qu’à autre chose, afin d’éviter un plongeon définitif de la quatrième puissance économique de la zone euro.

L’Espagne, probable dernier rempart avant la mort (prématurée) de l’euro

Face à cela, que propose Stiglitz, lui l’adversaire de l’austérité ? Une Europe plus forte, ressemblant à une « Union fiscale » pour renforcer l’euro et rassurer l’Allemagne, qui, sans aucun doute, sera le financeur du sauvetage de la zone euro (si elle le décide !) ? Stiglitz plaide plutôt pour des finances européennes communes, capables de sauver, à terme, les économies les plus en difficulté. Cela fait écho à la proposition de F. Hollande de « mutualisation » des dettes européennes. Ce plan, volontiers optimiste, parait quelque peu irréel, car son financement proviendrait essentiellement de l’Allemagne, qui en est réfractaire.

Les élections législatives grecques de dimanche prochain sonneront peut-être le glas des mesures pensées en Europe depuis 2008. Mais ne soyons pas naïfs : l’avenir de l’euro proviendra uniquement de la réponse allemande apportée à la question suivante : l’Allemagne veut-elle payer le prix de la fin de l’euro ou celui de son sauvetage ? Un simple raisonnement économique ne suffit pas ici. C’est toute une conception de société, de communauté, d’humanité qui pèsera, à coup sûr, dans la balance.

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