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Bronislaw Komorowski élu, une Pologne qui mûrit ?

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La nouvelle est tombée lundi 5 juillet : Bronislaw Komorowski (leader du parti libéral Plateforme civique) est élu à la présidence de la Pologne avec 53,01% des voix contre 46,99% pour Jaroslaw Kaczynski (leader du parti conservateur Droit et justice (PiS)). Un signe décisif d’alternance politique ?

On peut, en effet, y voir une évolution dans le paysage politique pourtant conservateur de ce pays. Notamment avec ce score serré qui reflète la lutte que ce sont livrées les deux forces politiques, au coude-à-coude jusqu’au bout : Jaroslaw Kaczynski était encore donné gagnant durant l’entre deux tours et l’annonce dans la nuit des résultats portant sur un peu plus de 50% des bureaux de vote avait fait renaître le suspense en retournant provisoirement la tendance. Et ce malgré une campagne plutôt maladroite de la part de Plateforme civique et rondement menée par Droit et justice qui pouvait, en plus, s’appuyer sur l’aspect purement émotionnel de ces élections.De plus, la participation s’est élevée à 55,29% malgré les vacances, ce qui est plutôt positif sachant que beaucoup avaient annoncé préférer aller à la plage plutôt qu’au bureau de vote !

Le pays est historiquement divisé en deux : les territoires de l’Est polonais, ont voté en majorité pour Kaczynski, étant beaucoup plus conservateur et religieux que leurs voisins de l’Ouest qui ont voté Komorowski. Cela reflète, une différence de mentalités. Moins industrialisée, l’Est de la Pologne est une région d’émigration (avant-guerre surtout) et d’ultra- conservatisme religieux. De plus les frères Kaczynski se sont caractérisés par des opérations choc (« tolérance zéro » contre le grand banditisme et l’opération « mains propres » contre la corruption) et un projet de traquer tous les anciens communistes (loi de décommunisation en 2006-07). Komorovski sera plus pragmatique.

Le parti libéral dispose donc enfin d’une présidence en plus de la majorité au parlement (conquise par Donald Tusk, désormais premier ministre de Komorowski, le 21 Octobre 2007 en ravissant 41% des voix aux législatives). Jusqu’à sa mort dans un accident d’avion en avril, le président conservateur Lech Kaczynski avait fait usage 18 fois du droit de veto dévolu au président. De son côté, la majorité n’a eu de cesse d’évoquer un risque de blocage présidentiel de ses initiatives, désormais plus d’excuses !

Et l’heure tourne. Le gouvernement doit limiter le déficit qui a atteint l’an dernier 7,2% du PIB, la Commission européenne a enjoint le pays de le ramener sous la limite de 3% d’ici à 2012. Parmi les réformes impopulaires évoquées pour éviter un dérapage budgétaire figurent celle des retraites, du système de protection sociale des agriculteurs et la réforme du secteur de la santé. Le tout en marchant sur des œufs car en mi-2011 se tiendront des élections législatives et la Pologne prendra la présidence de l’Union, devant donc satisfaire Bruxelles sans pour autant fâcher sa population.

Il n’en demeure pas moins que la Pologne est le seul pays européen à avoir maintenu la croissance en 2009.

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