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Sotchi 2014 : Jeux et enjeux en Russie

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La flamme olympique, partie le 29 septembre dernier d’Olympie en Grèce, est attendue à Moscou pour le 6 octobre prochain où elle entamera un périple de 123 jours à travers toute la Russie. L’occasion de revenir sur ces Jeux Olympiques qui s’annoncent comme les plus chers de l’Histoire, une vitrine de la Russie actuelle qui n’est pas sans rappeler les grands projets de l’ère soviétique.

Transformer en seulement cinq années une simple station balnéaire de la Mer Noire en un gigantesque complexe culturo-sportif destiné à accueillir les Jeux Olympiques d’hiver, l’enjeu était de taille à Sotchi pour Olympstroï, la compagnie russe chargée de l’ensemble des travaux. A quatre mois du lancement officiel des Jeux (le 7 février prochain), il reste encore beaucoup à faire, et si le comité d’organisation se veut rassurant en faisant démonstration de l’efficacité russe, nombreux sont ceux qui craignent des travaux inachevés le jour J.

Les jeux les plus chers de l’Histoire :

Le budget de ces Jeux Olympiques a littéralement explosé, approchant les 50 milliards de dollars, soit cinq fois plus que le budget initial (et plus de 7 fois le budget des précédents JO de Vancouver en 2010 !). La création de certains sites ex-nihilo (notamment la station de ski de Rosa Khutor qui accueillera l’ensemble des disciplines alpines) et des retards pris dans certaines constructions alourdissent la facture. De plus, le climat subtropical de la région de Sotchi complique significativement les travaux (le tremplin de saut à ski a dû être reconstruit plusieurs fois à cause des intempéries, et les inondations de la mi-septembre n’ont fait qu’empirer les choses).

Des Jeux Olympiques déterminants pour le Kremlin

L’organisation de ces 22èmes jeux d’hiver en Russie s’inscrit dans un contexte géopolitique et géoéconomique bien particuliers. Sotchi est l’occasion rêvée pour Vladimir Poutine d’accroître le « soft power » russe par le biais du sport en véhiculant l’image d’une Russie à nouveau très puissante économiquement.

Le gigantisme des chantiers entrepris rappelle en effet les grands travaux de l’époque soviétique. Mais ces Jeux Olympiques s’inscrivent dans une dynamique plus large:  l’Affaire Snowden, le conflit syrien et bientôt les Jeux Olympiques de Sotchi, sont autant d’événements qui signent le retour d’une Russie diplomatiquement très offensive qui constitue une force d’opposition majeure à l’aire atlantique dominée par les Etats-Unis.

Néanmoins, la très forte corruption qui règne au sein de l’organisation des Jeux (la direction des travaux a par exemple été confiée à des proches de M. Poutine, sans aucun appel d’offres préalable) ou le gaspillage observé tout au long des chantiers titanesques font écho aux dérives économiques de l’ère soviétique. Et, dénoncées par l’ONG Human Rights Watch, l’exploitation de travailleurs immigrés souvent dépourvus de contrat de travail ou les récentes promulgations de lois anti propagande homosexuelle, viennent entacher l’image d’une Russie qui veut recouvrer une certaine légitimité hors de ses frontières.

Vitrine de la puissance, de l’influence et des réalités économiques de la Russie d’aujourd’hui, ces Jeux Olympiques seront également un indicateur idoine de l’état des relations russo-américaines, très refroidies depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin. Dans un contexte que certains n’hésitent pas à qualifier de « Nouvelle Guerre Froide », la Russie a-t-elle les moyens économiques de ses ambitions diplomatiques ?

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