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It’s Scotland oil !

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L’Ecosse indépendante possèderait 90% des réserves de pétrole de la Mer du Nord. C’est en tout cas l’idée défendue par le Scottish National Party (SNP). Ses revendications d’autonomie se fondent en partie sur cette richesse supposée : selon eux, l’Ecosse n’a pas à financer le reste du Royame-Uni.

L’Ecosse, aujourd’hui nation constituante du Royaume-Uni, a obtenu de David Cameron le droit de se prononcer sur son indépendance par référendum en 2014. Celle-ci a été perdue en 1707, mais une première brèche a été ouverte en 1999 avec la création d’un Parlement national. Aujourd’hui, les indépendantistes veulent aller plus loin et obtenir une indépendance totale par rapport à Londres. Les hydrocarbures sont un de leurs arguments phares, d’autant que les actifs pétroliers et gaziers de la Mer du Nord ont une valeur estimée à 1500 milliards de livres. Par ailleurs,  40% des réserves de pétrole n’auraient toujours pas été forées à ce jour et on estime à trente à quarante les années d’exploitations restantes pour les gisements existants. Si le pays devenait indépendant, la part des exportations d’hydrocarbures dans le PIB écossais s’élèverait à 12%, à comparer avec 2% actuellement pour le Royaume-Uni.

Les partisans de l’indépendance écossaise montrent en exemple les norvégiens, qui, avec les  revenus tirés des hydrocarbures, ont créé deux fonds souverain.

Le premier, développé en 1967 pour soutenir l’économie locale, investit dans les entreprises norvégiennes (le Government Pension fund-Norway). Le second, mis en place en 2006 investit dans des entreprises du monde entier (le Government Pension fund-Global) et vise à assurer des revenus au générations futures, leur permettant notamment de financer les retraites. Ainsi, le 2 octobre, un think-tank indépendant – le groupe de travail de la Commission fiscale- a remis un rapport qui recommande, en cas d’obtention de l’indépendance, la création de deux fonds souverain. Le premier, pour la stabilisation à court terme, permettrait de lutter contre les fluctuations des revenus pétroliers et gaziers. La création d’un tel fonds serait indispensable pour le futur gouvernement écossais. En effet, si les rentrées d’impôts liées aux hydrocarbures représentent 2% des rentrées au Royaume-Uni, elle s’élèveraient à 20% en Ecosse indépendante. Une telle proportion rendrait donc les dépenses publiques dépendantes des variations des prix des hydrocarbures. Le second fonds serait comparable à celui lancé en 2006 par les Norvégiens, dédié à des investissements à long terme permettant de sécuriser l’avenir des générations futures.

Certains chercheurs estiment ainsi que si les Ecossais avaient pu bénéficier directement des revenus du pétrole depuis les années 80, elle aurait été en mesure de rembourser sa dette, s’élevant à 153 milliards de livres . Néanmoins, une indépendance écossaise à l’heure d’aujourd’hui nécessiterait une hausse des impôts ou une baisse des dépenses publics dans le pays pour permettre la création de tels fonds. De plus, les réserves ne sont pas inépuisables en Mer du Nord. La production a ainsi globalement commencé à décliner en Mer du Nord, même si de nouveaux gisements sont susceptibles d’être exploités. L’Ecosse devra donc aussi préparer l’après-pétrole, d’autant que les experts estiment que le « peak oil » a déjà été dépassé en Mer du Nord  en 1999 (source : ASPO*).  Si l’Ecosse est en avance dans le secteur des énergies renouvelables, avec une production représentant le tiers de la production totale du Royaume-Uni pour un dixième de sa consommation, elle est en partie subventionné par les impôts mutualisés, et verrait donc potentiellement disparaître cette subvention en cas d’indépendance.

« It’s Scotland oil ». C’est sous cette expression que le SNP faisait campagne pour l’indépendance de l’Ecosse dans les années 70, arguant que la découverte de pétrole en Mer du Nord n’allait pas profiter à l’Ecosse si elle restait sous la coupe du Royaume-Uni. Le slogan est aujourd’hui recyclé, mais les Ecossais doivent garder en mémoire que les réserves d’hydrocarbrues ne sont pas infinies.

 

*ASPO : Association for the study of peak oil and gas

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