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L’Ukraine : non à l’Europe, oui à la Russie

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Coup de théâtre à Kiev : A moins d’une semaine de la signature d’un accord d’association avec l’Union Européenne, le gouvernement ukrainien a décidé de suspendre les négociations. En perpétuelle balance entre Union Européenne et Russie, l’Ukraine semble aujourd’hui basculer du côté russe.

L’Union Européenne n’avait jamais été aussi proche de conclure un accord avec l’un de ses plus grands voisins à l’Est. Après le partenariat oriental, qui lie bilatéralement l’Union Européenne avec l’Ukraine – tout comme les autres ex-républiques soviétiques, les 27 souhaitaient aller plus loin dans leur politique de voisinage.

L’Ukraine a mis fin de manière inattendue aux espoirs occidentaux ce 21 novembre, son premier ministre expliquant que le pays souhaitait « assurer la sécurité nationale, relancer les relations économiques avec la Russie et préparer le marché intérieur à des relations d’égal à égal avec l’Union européenne ».

L’optimisme était donc de mise en Occident jusqu’à ce 21 novembre, d’autant que les négociations étaient bien engagées, la presse et la sphère économique ukrainienne faisant favorablement écho aux propositions de l’UE. Un excès de confiance qui a peut-être fait oublier aux occidentaux le grand voisin russe. Celui-ci, désireux de renforcer son influence économique et politique, de sécuriser ses frontières, ses approvisionnement énergétiques (les gazoducs transportant le gaz russe jusqu’à l’ouest transitent par l’Ukraine) a usé de tout son pouvoir pour faire plier l’ancienne république soviétique. Par ailleurs, les conditions imposées par l’UE étaient elles aussi contraignantes pour le pays. L’Ukraine a ainsi ce même jour refusé le transfert à l’étranger de Ioulia Timochenko. En effet, l’opposante, figure de proue de la révolution orange en 2004, est emprisonnée depuis 2011 pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers entre l’Ukraine et la Russie justement. Sa condamnation a été jugée illégale par la Cour européenne des droits de l’Homme en 2013 et  son extradition était l’une des conditions imposées par l’UE pour conclure l’accord.

De retour en force sur la scène diplomatique internationale, à l’image de son rôle lors du conflit syrien, la Russie frappe aujourd’hui encore un grand coup. En Ukraine, la priorité est maintenant donnée à la mise en place d’une Union douanière avec la Russie, projet que le président Ianoukovitch avait d’abord semblé rejeter. Il a sans doute répondu aux pressions économiques et politiques exercées par le gouvernement de Vladimir Poutine. Les conséquences de son refus pourraient pourtant prendre une ampleur non négligeable. En effet, en 2015 se tiennent les prochaines élections présidentielles en Ukraine. Le bloc occidental, avec à sa tête l’Union Européenne, soutiendra l’opposition pro-européenne, mais sera surtout peut-être moins indulgente qu’en 2008 face à d’éventuelles fraudes ou « oublis » de voix.

L’Ukraine montre aujourd’hui qu’elle choisit de regarder vers l’Est. C’est un positionnement qui l’empêchera peut-être d’exploiter au mieux sa position d’interface entre Europe orientale et occidentale, mais c’est surtout une décision qui la propulse dans le giron de la Russie, sans recours possible au soutien de l’UE en cas de trop forte pression de la part du grand frère russe.

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