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Peut-on être compétitif et respectueux de l’environnement ? Le cas européen

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Le thème du changement climatique est désormais ancré dans nos mentalités, et rappelé par l’ampleur des catastrophes naturelles sévissant sur Terre. Néanmoins, les actions pour le contrecarrer demeurent secondaires, surtout depuis la crise de 2007. L’Europe, plus avancée que d’autres dans la promotion des énergies vertes, paie en partie le prix de ses choix.

Depuis une bonne dizaine d’années, l’Europe s’est voulue pionnière dans la promotion des énergies renouvelables. Le plan le plus notable est probablement le paquet énergie-climat, voté en 2008, plus connu sous le nom de « Triple 20 ». Outre la réduction des émissions de CO2 de 20% d’ici à 2020, les pays de l’Union ont pour obligation d’introduire 20% d’énergies renouvelables (au minimum) dans leur mix énergétique.

Néanmoins, comme trop souvent, les belles promesses sont difficiles à tenir. Passer au renouvelable a un coût, à la fois d’abandon des énergies traditionnelles (pétrole, charbon) et également de construction des infrastructures capables de produire du renouvelable (éolien, marémoteur, hydroélectricité). Cela crée une inflation certaine sur le coût de l’électricité pour les particuliers et les entreprises, que des milliards d’euros de subventions (par exemple, 30 chaque année pour l’Allemagne) peinent à infléchir. A l’heure de la fracturation hydraulique et du gaz de schiste, véritable pain béni pour certains pays, l’Europe, certes dernière dans ce monde à promouvoir certains principes écologiques, rate le tournant.

Avec des décisions à contre-sens de la majorité, l’Europe (ré)expose sa naïveté

Quasiment aucun pays européen ne s’est engouffré dans la brèche du gaz de schiste. Ses apôtres défendent l’idée que respecter les grands principes environnementaux n’a plus beaucoup de sens lorsque des pays peinent à dépasser 1 ou 2% de croissance annuelle, avec des risques de désindustrialisation avancée du continent. Or, malgré des prises de conscience collective assez marquées, le citoyen européen reste, dans sa majorité, plus préoccupé par les taux de chômage massifs ou l’érosion de la compétitivité économique que par le respect de directives européennes édictées en temps de prospérité (début des années 2000).

Pire encore, il semble que la Révolution du gaz de schiste ait poussé les Européens à consommer du… charbon, ce dernier étant devenu moins cher à utiliser que du gaz naturel. Ainsi, selon diverses statistiques, l’Europe serait moins écologiquement responsable (i.e. rejetterait plus de gaz à effet de serre) que les Etats-Unis. Un véritable comble ! En réalité, ce triste constat n’est que le corollaire d’un autre : les Etats-Unis ont désormais un avantage comparatif net vis-à-vis de l’Europe en matière énergétique. Auquel il faut évidemment ajouter l’avantage comparatif détenu par nombre de pays émergents sur l’Europe, via des attitudes protectionnistes et un coût du travail bien moins élevé.

Encore une fois, la réponse proviendra probablement de l’Allemagne, la plus engagée dans un passage d’énergies traditionnelles (le nucléaire) vers des énergies dites plus « vertes » (solaire et éolien). Peut-on poursuivre des taux de croissance supérieurs à 2-3% en réduisant drastiquement sa consommation d’énergie et ses rejets de gaz à effet de serre ? Difficile à dire pour le moment. Charge est donnée à l’Europe de ne pas tomber dans le piège américain, en train d’obtenir de bons taux de croissance, une réduction de ses émissions et de ses prix de l’énergie par le simple miracle de la fracturation hydraulique !

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