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Rapport de force et coup de pression à la veille du référendum de Crimée : les provocations de trop ?

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Depuis que le gouvernement de Crimée autoproclamé a décidé d’organiser un référendum pour détacher la région de l’Ukraine et la faire rejoindre la Russie, la tension monte un peu plus à chaque jour qui nous sépare de cette échéance. Aucun levier n’est laissé de côté dans cet affrontement entre les autorités de Kiev et de Crimée. Un affrontement dans lequel interviennent les puissances occidentales et russes au risque de faire basculer toute la région. La mèche a-t-elle été allumée ?

Un militant pro-russe et un passant ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi à Kharkiv dans l’est de l’Ukraine lors d’une fusillade entre militants pro-russes et nationalistes. Jeudi c’était un manifestant pro-Kiev qui avait été poignardé à Donetsk par des militants pro-russes. Ce sont quelques exemples des heurts qui arrivent dans le pays, surtout à l’Est. De plus, la Crimée est devenue une forteresse dont peu de gens peuvent savoir ce qu’il advient réellement.

Ces exemples sont révélateurs de la forte tension qui règne actuellement en Ukraine et aux abords de la Crimée alors que le gouvernement de Kiev a appelé à une mobilisation générale pour se défendre contre ce qui présente tous les signes d’une invasion. Selon Kiev, c’est Moscou qui est à la manœuvre derrière les troubles. L’Ukraine a rajouté samedi en cours de journée qu’elle avait repoussé des soldats russes non loin de la Crimée et que Moscou a déployé 80 hommes, des hélicoptères et des blindés entre la péninsule et le continent. Aujourd’hui les forces russes agissent ouvertement en Crimée et la Russie justifie son action en disant lutter contre un coup d’état fasciste et défendre ses expatriés.

La Russie est désormais seule contre tous dans cette affaire : la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU de samedi a certes été bloquée par son véto mais elle est la seule à l’avoir exercé. La Chine l’a lâchée car il s’agit tout bonnement d’une ingérence non requise par les autorités locales.

De même, les capitales occidentales ont annoncé qu’elles s’opposeraient au résultat du référendum qui ne devrait pas manquer d’être positif par manipulation des urnes ou des électeurs. Elles ont aussi annoncé qu’elles prendraient des sanctions économiques à l’égard de la Russie si elle devait persévérer. A ce jeu-là, la Russie ne peut exercer de chantage au gaz car l’Europe est quasiment son unique client : la relation entre la Russie et l’Europe est une dépendance totale au gaz russe et aux capitaux européens à ceci près que les européens peuvent retrouver d’autres sources d’énergie à court et moyen terme alors que la Russie perd déjà 5 milliards de dollars par jour pour soutenir sa monnaie actuellement.

Mais de son côté Kiev jette de l’huile sur le feu en annonçant la signature des accords politiques et économiques d’association avec l’Union Européenne, et même son adhésion. Tout cela alors que l’Ukraine et les bases navales de Sébastopol sont la chasse gardée de la Russie et que Poutine veut reconstruire une union politique régionale autour de Moscou.

La manière dont se déroulera le référendum de demain sera décisive ainsi que la façon dont chacun réagit. Ban Ki-moon a prévenu : l’Ukraine est à la croisée des chemins. Seulement l’Ukraine ?

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