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Le pari politique du gouvernement grec : nouvel épisode d’instabilité au pays de Socrate ?

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L'annonce d'élections présidentielles anticipées pourrait mener le pays dans un nouvel épisode d'instabilité.
L’annonce d’élections présidentielles anticipées pourrait mener le pays dans un nouvel épisode d’instabilité.

Témérité. Voilà le terme qui pourrait résumer la politique grecque de ces trois derniers jours. Le Premier Ministre grec, Antonis Samaras, en poste depuis 2012, a annoncé le 9 décembre dernier la mise en place d’élections présidentielles anticipées, alors que le pays devait subir les foudres de la Troïka pour avoir voté un budget critiqué. Si l’Etat grec commençait à montrer des premiers signes de stabilité sur le plan économique avec une croissance à 1,6% en juillet 2014, ce nouveau soubresaut jette une incertitude sur l’avenir politique du pays. Résumé d’un sombre lundi.

La recherche anticipée d’une nouvelle confiance politique

Tenue par un gouvernement de coalition droite-socialiste (reposant sur le parti de droite Nouvelle Démocratie et le parti socialiste Pasok), mis en place en 2013, la Grèce dispose d’un système électif parlementaire basé sur un suffrage universel indirect. Le Parlement a le pouvoir d’élire en trois tours le futur chef de l’Etat parmi les candidats présentés par les différents partis politiques. Initialement fixées au premier trimestre 2015, la décision du Premier Ministre actuel d’organiser des élections anticipées le 17  décembre fait aujourd’hui trembler le pays.

Le candidat proposé par Antonis Samaras, Stávros Dimas, semble pourtant cumuler des gallons. Ancien commissaire européen entre 2004 et 2010 pour l’emploi et pour l’environnement, et momentanément Ministre grec des affaires étrangères, la stabilité politique future de la Grèce repose sur la crédibilité que voudront bien lui attribuer les 300 députés de la Vouli. En cas d’échec, des élections législatives anticipées pourraient être organisées en janvier, risquant de faire basculer le pouvoir aux mains du parti de la gauche radicale, Syriza, et de remettre en cause une collaboration déjà tendue avec la Troïka.

La Grèce et ses créanciers : entre tensions et négociations

Cette décision qui fait frémir les marchés, intervient dans un contexte économique tendu, entrainant une chute de la bourse grecque lundi de 12,78%, une première depuis 1987. Les coupes budgétaires et le plan drastique mis en place par la Troïka ont permis un retour de la croissance, prévue à 2,9% pour 2015. Cette petite victoire s’est faite au prix d’un bras de fer entre les gouvernements et les instances internationales, ainsi que d’une hausse de la précarité du peuple grec.

Les députés ont voté dimanche 7 décembre le projet de budget pour 2015, pourtant désapprouvé par la Troïka, qui conditionne la dernière tranche du plan d’aide (1,8 milliards d’euros) à la mise en place de nouvelles mesures. Le pays, qui espère obtenir une restructuration de sa dette ou un rachat de ses obligations par la Banque centrale européenne, n’a pour l’instant obtenu qu’une prolongation jusqu’en février du troisième plan d’aide depuis le début de la crise en 2010. Au total, la Grèce a déjà reçu plus de 250 milliards d’euros.

Ce bouleversement risque donc de remettre l’instabilité politique au goût du jour dans un pays où, malgré un début de retour à l’optimisme, le chômage atteignait toujours 52,1% chez les moins de 25 ans en avril dernier.

 

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