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Y a t-il réellement une percée de l’extrême droite en Europe ?

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Le candidat du parti écologiste autrichien Alexander Van der Bellen est arrivé en tête des élections présidentielles à l'issue d'un scrutin très serré l'opposant au candidat d'extrême droite.
Le candidat du parti écologiste autrichien Alexander Van der Bellen est arrivé en tête des élections présidentielles à l’issue d’un scrutin très serré l’opposant au candidat d’extrême droite.

Les résultats des élections présidentielles en Autriche sont sans appel. Malgré la victoire du candidat écologiste Alexander Van der Bellen, l’extrême droite continue sa percée sur le territoire européen engagée lors des élections européennes de 2014 avec un score de 49,7% pour le candidat Norbert Hofer contre 50,3% pour le parti gagnant. A l’heure où l’Union européenne est confrontée à une hausse de la menace terroriste sur le sol de ses Etats membres et est accusée d’entretenir la porosité de ses frontières, la question de l’existence d’un phénomène de montée en puissance de l’extrême droite semble opportune.

Une victoire en demi-teinte pour les écologistes

En Autriche, dont la structure politique et géographique d’une République fédérale est similaire à celle de l’Allemagne, le candidat écologiste rapporte 4 Landers sur 9. Cependant, dans les zones stratégiques, telles que les frontières à l’ouest avec l’Allemagne, la République tchèque ou encore la Suisse et l’Italie au sud, c’est l’extrême droite qui obtient la majorité. Un résultat révélateur des préoccupations inhérentes à chaque région. Le programme du parti FPO prévoyait la mise en place au sein du pays d’un national-libéralisme accru, d’une réelle discipline budgétaire, avec notamment pour mesure de renforcer la place de l’armée dans la sphère institutionnelle, et, concernant l’emploi, d’appliquer l’impossibilité pour les étrangers d’accéder à certains secteurs professionnels.

Si l’ont en croit les chiffres, l’Autriche ne serait que la représentation, à un stade très avancé sur l’échiquier politique (les élections présidentielles), d’un épiphénomène qui touche les Etats membres de l’Union européenne, que ce soit au sein des autorités politiques nationales (Présidence, Parlement, collectivités locales), ou des instances communautaires (Parlement européen).

L’Autriche, ou la partie immergée de l’iceberg

La Grèce, la France, ou encore l’Allemagne font partie des pays les plus touchés. Ces résultats démontrent la prise en compte grandissante par les électeurs de facteurs en partie extérieurs aux problématiques traditionnelles sollicités dans le cadre d’un scrutin (situation économique interne, égalité sociale). La montée du parti Front national en France peut en effet s’expliquer notamment par la hausse des attaques terroristes sur le territoire. La poussée du parti AFD en Allemagne trouve en grande partie sa source dans les difficultés qu’a connues le pays à gérer ce que de nombreux observateurs qualifient de « crise migratoire ».

Initialement isolées, ces manifestations d’une nouvelle mouvance au sein de l’Union ont connu un début de généralisation dans le cadre des élections européennes de 2014. Au Royaume-Uni le Ukip, a remporté une victoire historique avec 26,77%. Au Danemark, le Parti populaire danois obtiendra 26,6%. En France, le parti de Marine Le Pen, arrive en tête dans le pays avec 24,85% des voix exprimées.

Cependant, les pays du sud, pourtant largement touchés par la crise, résistent pour l’instant aux attraits des partis d’extrême droite. Les prochaines élections dans ces Etats seront donc décisives pour savoir si le terrain propice crée par l’abstention et la crainte des populations face au contexte actuel, concrétisera définitivement le processus engagé du passage d’une Europe en quête de coopération à une Europe en quête de protectionnisme.

 

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