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Pourquoi la Norvège refuse-t-elle d’intégrer l’Union Européenne ?

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A première vue, la non-intégration de la Norvège dans l’Union Européenne est un mystère. Ses voisins scandinaves, que sont la Finlande et la Suède, y participent en effet depuis 1995. Dès lors, pour quelles raisons la Norvège choisit-elle de ne pas adhérer à l’UE ?

Tout d’abord, il faut savoir que la population norvégienne a désapprouvé son adhésion à l’UE à deux reprises par référendum, en 1972 à 53,5% et 1994 à 52,4%, alors que le gouvernement norvégien avait à chaque fois signé l’acte d’adhésion. En 1994, la ministre d’Etat Gro Harlem Bruntland avait pourtant mené activement campagne en faveur du oui à l’adhésion. Les raisons de ces échecs sont en réalité multiples. L’euroscepticisme est notamment visible chez les populations rurales, soucieuses de préserver des subventions que l’adhésion à l’UE éroderait. En effet, les agriculteurs norvégiens sont fortement subventionnés par l’Etat, système contraire aux règles de la PAC. Et les pêcheurs locaux, favorables au libre-échange et à leur libre gestion des ressources de la Mer du Nord ne souhaitent pas voir l’imposition de quotas de la part de l’Union Européenne. Les femmes craignent quant à elles une perte de droits égalitaires, la Norvège étant un pays phare en la matière.

Pays généreux en matière d’Aide Publique au Développement (APD), il est d’une importance capitale pour l’Union Européenne en termes d’approvisionnement énergétique, depuis que la Norvège a découvert des gisements pétroliers dans la Mer du Nord au tournant des années 1970. Pourtant, les Norvégiens ne souhaitent pas perdre le contrôle de leurs ressources. La tutelle bruxelloise apparaitrait comme trop envahissante pour un pays qui ne semble manquer de rien, comme en témoigne les rapports réguliers de l’ONU qui place la Norvège comme pays le plus développé au monde. Un nivellement par le bas du niveau de vie norvégien dans le cadre de l’UE est également craint par une part importante de la population.

Pourtant, la Norvège a tout pour intégrer l’Union Européenne : le pays possède en effet l’Indice de Développement Humain (IDH) le plus élevé du monde et une économie performante. En outre, il fait partie intégrante de l’Espace Schengen (que certains membres de l’UE, tels que le Royaume-Uni, refusent d’intégrer) et participe à l’Espace Economique Européen (EEE). Au final, il semble que la Norvège, à l’instar de la Grande-Bretagne mais dans une autre mesure, ait décidé de faire le choix d’une Europe à la carte. L’obsolescence de l’Accord Européen de Libre-Echange (AELE) l’a par exemple poussée à intégrer l’EEE. Mais peu à peu, l’Europe pourrait se tourner vers un voisinage différent : Maghreb, Russie, Balkans, Turquie… La Norvège risque d’être de plus en plus à l’ombre des préoccupations européennes d’autant que ses ressources énergétiques s’amenuisent, alors qu’elle a par exemple besoin de l’UE dans le cadre d’une politique sécuritaire européenne, notamment afin de garder la bienveillance américaine au sein de l’OTAN. D’où les débats récurrents qui agitent la vie politique norvégienne afin d’envisager de nouveaux pourparlers avec l’Europe ou non.

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