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Avec Sebastian Kurz, l’Autriche penche vers l’Est

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Le 15 octobre dernier l’Europe a abondamment commenté l’arrivée en Autriche d’un nouveau chancelier de 31 ans, Sebastian Kurz, devenu le « plus jeune dirigeant du monde». Si les différentes « Unes » ont mis en avant le jeune âge du leader du Parti populaire autrichien (ÖVP), l’analyse des conséquences politiques de cette élection est restée relativement absente des commentaires.

En effet, Sebastian Kurz et les chrétiens-conservateurs de l’ÖVP crédité de 31 % des suffrages vont peut-être former une coalition avec le parti d’extrême droite (FPÖ), et ses 26% de voies aux élections législatives, afin de gouverner le pays. Cette future alliance semble possible si l’on observe les thématiques développées pendant la campagne de Sebastian Kurz : anti-immigration, problématique de l’islam, préférence nationale et promesse d’une politique sécuritaire. Cependant, les relations tendues avec le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, pourraient profiter à un scénario inverse et une alliance avec les sociaux-démocrates du chancelier sortant Christian Kern, arrivés en seconde position avec 27 % des suffrages.

Kurz, plus proche d’Orbán que de Macron

La popularité du nouvel homme fort de Vienne s’est construite lors de son passage au Ministère des Affaires étrangères à partir de 2013. Il va être l’un des premiers responsables européens à critiquer la politique d’accueil des migrants d’Angela Merkel. Ses positions ultraconservatrices le rapproche bien plus d’un Victor Orbán, que d’un Emmanuel Macron, auquel il a souvent été comparé ces derniers jours, en raison de son jeune âge. Il se forge aussi une expérience diplomatique importante, puisqu’il participe aux négociations sur le nucléaire iranien qui ont lieu dans la capitale autrichienne en 2015. Les résultats de ce scrutin montrent également les positions de la population autrichienne, plus proche de celles des voisins de l’Est que de l’Ouest et notamment des membre du groupe de « Visegrad »: la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Des États aux politiques conservatrices, qui contestent les politiques européennes visant à accueillir les migrants, venant d’Afrique et du Moyen-Orient.

Sebastian Kurz et Hachemi Rafsandjani lors des négociations sur le nucléaire iranien.

Ces résultats ne sont donc pas de bon augure pour la France d’Emmanuel Macron et l’Allemagne d’Angela Merkel, qui ont déjà fort à faire avec les membres du groupe de « Visegrad ». Intransigeant sur leur « souveraineté » à appliquer leur politique anti-migratoire et ultraconservatrice, ils ne veulent pourtant pas entendre parler d’une Europe à plusieurs vitesses proposées par les dirigeants français et allemands, qui remettrait au cœur de l’UE les pays d’Europe de l’Ouest. Quand à l’Autriche, à l’image de son passé impérial, elle est à la frontière de ces deux Europes et les hésitations qu’elle connaît sont parties intégrantes de son passé, de son présent et de son futur.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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