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La Macédoine se réconcilie avec ses voisins

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Carte de la Macédoine, partagée en trois

Depuis l’arrivée au pouvoir de Zoran Zaev et du parti SDSM le 31 mai 2017, la Macédoine enterre de vieilles querelles identitaires et tente un rapprochement avec les deux voisins aux relations houleuses : la Bulgarie et la Grèce. Une rupture avec la politique conservatrice du VMRO-DPMNE au pouvoir depuis dix ans.

Le rapprochement bulgare

Longtemps le slave macédonien a été considéré comme un dialecte du bulgare. Dès l’indépendance, Sofia revendique la Macédoine, motif des deux guerres balkaniques, mais aussi des conflits face à la Grèce et l’occupation de Thessalonique lors des deux guerres mondiales. L’adoption du communisme ne réconcilie qu’en apparence la Bulgarie et les tenants d’une identité spécifique slave-macédonienne. L’internationale socialiste reconnaît un peuple macédonien distinct des serbes, bulgares ou grecs, et ayant pour territoire la République de Macédoine au sein de la République fédérale de Yougoslavie. Cependant, le léger rapprochement entre Bulgares et Macédoniens est stoppé lors de la rupture soviéto-yougoslave et l’arrivée de Jivkov au pouvoir à Sofia.

La ligne de fracture se situe dans « l’appropriation » de symboles identitaires. Par exemple, le Tsar Samoil est revendiqué à la fois par les macédoniens et les bulgares comme un symbole national. L’accession à l’indépendance de la Macédoine n’apporte pas de réelles solutions et les relations entre les deux voisins restent tumultueuses. Pourtant, le 1er aout dernier, les dirigeants des deux pays, Borissov et Zaev signent un traité de bon voisinage. Celui-ci exclut toute revendication territoriale de part et d’autre, mais aussi la reconnaissance d’une histoire partagée, qui ne doit pas servir de propagande nationale contre le voisin. Le 7 novembre, le Conseil des Ministres de Bulgarie a appelé l’Assemblée Nationale à ratifier le traité, qui doit également être validé par le Parlement macédonien. L’opposition macédonienne a par ailleurs critiqué ce traité. Le rapprochement s’il est sensible apparait toutefois utile, Sofia pouvant aider à l’intégration de Skopje dans l’Union Européenne et l’OTAN.

Macédoine slave ou grecque ?

La Grèce entretient également des relations difficiles avec Skopje. La région de Macédoine antique a en effet été divisée entre trois pays : la Serbie/Yougoslavie, la Grèce, et la Bulgarie, les deux derniers ayant tenté une assimilation culturelle. Lorsque la Macédoine slave au sein de la Yougoslavie proclame son indépendance sous le nom de République de Macédoine, Athènes se braque. La Grèce craint des revendications territoriales sur son territoire (qui ont existé par le passé) et sur son héritage historique. À ce titre, les statues de Philippe II et d’Alexandre le Grand, ce dernier donnant son nom à l’aéroport international de Skopje, sont perçues comme une appropriation historico-culturelle inacceptable pour Athènes. Le nom même de République de Macédoine est dénié au pays. Si une grande partie de la communauté internationale l’utilise malgré tout, d’autres préfèrent le nom Ancienne République Yougoslave de Macédoine (acronyme FYROM en anglais). C’est le cas de l’Europe, qui ne peut se rapprocher de Skopje sans l’accord de la Grèce.

L’arrivée du SDSM au pouvoir relance des négociations. Depuis 2007, la Grèce a accepté que le pays slave ait un nom qui garde la spécificité macédonienne. Des noms potentiels et souvent avancés sont Macédoine du Nord ou Macédoine du Vardar. Athènes refuse également que la population slave majoritaire prenne le nom de « macédonien » qui désigne une réalité géographique et non ethnique. Enfin, les statues de personnages Grecs doivent être retirées. Le SDSM s’est montré ouvert à un rapprochement avec la Grèce, et à cette redéfinition identitaire. Comme l’a rappelé Radmila Sekerinska, Vice Présidente et Ministre de la Défense de Macédoine, cette dispute du nom est un problème à la fois pour Skopje mais aussi pour Athènes, qui aurait tout intérêt à coopérer avec son voisin du nord, tant économiquement qu’en termes de sécurité, au sein de l’UE et de l’OTAN. Matthew Nimetz, médiateur des Nations Unies dans le cadre des négociations, doit inviter des délégations des deux pays à New York à la fin du mois de novembre. Si un règlement n’est pas pour tout de suite, on constate que le SDSM a mené une politique de rapprochement avec ses voisins. Les élections municipales dont le second tour a eu lieu le 29 octobre ont renforcé son assise politique, laissant peu de place à l’opposition nationaliste.

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