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Roms : la France hors la loi ?

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Depuis le 1er janvier, 9000 Roms ont été expulsés de France : le sont-ils sur des critères individuels ou bien en tant que groupe ethnique ? C’est le débat sur lequel le gouvernement français devra se justifier dans les prochaines heures. L’Europe et le monde entier croient discerner dans notre pays des pratiques illégales visant la communauté rom. D’ailleurs, une circulaire visait expressément les Roms le 5 août dernier avant que Brice Hortefeux n’en signe une nouvelle.

Mercredi, Nicolas Sarkozy s’est montré scandalisé par les critiques de la commissaire européenne, la Luxembourgeoise Viviane Reding, qui avait indiqué avoir « l’impression que des personnes sont renvoyées d’un Etat membre (de l’Union Européenne) juste  parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique ». Après avoir regretté certaines interprétations de ses propos, celle-ci s’est excusée d’avoir implicitement comparé la politique envers française envers les Roms à certains épisodes peu glorieux de la Seconde Guerre mondiale. Paris a pris acte de ces excuses mercredi soir, et François Fillon était attendu à Bruxelles un peu plus tard dans la soirée pour donner quelques éléments sur cette affaire.

Sarkozy, qui souhaite ce jeudi s’expliquer à Bruxelles, lors du Conseil européen qui devait normalement concerner essentiellement les questions économiques, aurait pour sa part proposé au Luxembourg d’accueillir les Roms lors d’un déjeuner à huis clos. Pourtant, l’exécutif européen a tenu à défendre Mme Reding qui parlait « au nom de la Commission ». La Commission Européenne devrait pour sa part donner ses conclusions d’ici deux semaines sur cette affaire, avant de prendre les mesures les plus appropriées. Il y a une semaine déjà, le Parlement européen avait demandé à la France l’arrêt des expulsions de Roms, ce à quoi Eric Besson avait répondu qu’il n’en était « pas question ». Ce mardi, Mme Reding avait en outre menacé la France de sanctions pour cause de politique discriminatoire.

Sur le plan international, Silvio Berlusconi a, certes, apporté son soutien à Nicolas Sarkozy, soulignant que la France ne faisait que copier l’Italie. Mais l’Allemagne, pour des raisons de libre-circulation au sein de l’UE, et les Etats-Unis, qui ont appelé au respect des droits des Roms, ont condamné l’attitude française. Le Vatican, la Roumanie mais aussi Fidel Castro se sont tour à tour émus des pratiques françaises, jugées discriminatoires et génératrices d’attitudes racistes. Fin août, l’ONU avait également mis en garde l’Elysée pour sa politique

Aujourd’hui, les relations entre la France et l’UE sont houleuses. Si le débat divise en France, il semble aussi diviser en Europe. Mais Paris ne semble pas vouloir reculer face aux différentes menaces et condamnations de la communauté internationale. La France peut-il encore se vanter d’être le pays des droits de l’homme ? Peu importe l’avis final de l’Union Européenne, l’image de la France à l’étranger est déjà passablement écornée. En témoigne un article du Times le 17 août dernier, intitulé « Sarkozy expulse les Roms et rappelle le souvenir de la Gestapo » : telle est l’image de la France à l’étranger.

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