Europe

Y a-t-il encore une nation belge ?

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Il y a deux manières de définir la nation : on peut invoquer, à la manière de Fichte, la culture, l’histoire, ou encore la langue. Ou bien se référer à la formule d’Ernest Renan : la nation est un « plébiscite de tous les jours », l’aboutissement d’un choix d’hommes libres, déterminé par une volonté de vivre ensemble.

C’est naturellement à travers cette deuxième conception qu’a été pensée la nation belge. Pourtant la Belgique d’aujourd’hui est un pays sans gouvernement, où près de la moitié des Flamands ont voté le 13 juin 2010 pour l’indépendance de leur région. Et quant bien même les Wallons, qui ont voté à la majorité pour le fédéralisme, resteraient encore attachés à l’idée d’une Belgique unie, on ne forme pas un couple qui marche avec une seule volonté…

« La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements » déclarait en 1882 Ernest Renan devant l’auditoire de la Sorbonne. Il est question de solidarité, donc. Un mot somme toute peu employé par les sympathisants du N-VA, parti indépendantiste flamand et grand gagnant des dernières élections. Comme bien d’autres régions européennes, la Flandre trouve de moins en moins d’intérêt à supporter par la croissance de son économie la crise de reconversion de sa voisine wallonne, et demande de plus en plus d’autonomie.

Samedi dernier, pas moins de 40 000 bruxellois de tous bords ont défilé dans les rues de la capitale pour crier leur « ras-le-bol » face à la crise politique qui touche leur pays depuis plusieurs mois. Ces manifestants réclamaient un nouveau gouvernement. Ont-ils raison ? Faut-il former un gouvernement à tout prix ?

« Le besoin le plus criant pour la Belgique ce n’est pas tant d’avoir un gouvernement que de disposer d’un projet. Réclamer un gouvernement sans en connaître le projet, c’est confondre dangereusement l’objectif et les moyens pour y arriver. » écrivait le journaliste Philippe Walkowiak vendredi dernier. Doit-on rappeler qu’en 2007 déjà la formation d’un gouvernement avait demandé presque six mois ? Pourquoi les choses seraient-elles différentes aux prochaines élections ? Sans une volonté forte de vivre ensemble, il n’y a pas de nation belge, et donc pas de gouvernement pour la représenter.

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